Planète libre (CNRS éditions)
Albert Memmi. Les hypothèses infinies. Journal 1936 – 1962Édition établie et annotée par Guy Degas, collection « Planète Libre », CNRS éditions, 1408 p., paru en février 2021
Né en Tunisie dans une modeste famille juive de langue maternelle arabe, formé dans les écoles de l’Alliance israélite universelle puis au lycée Carnot de Tunis, enfin à l’université d’Alger pendant la guerre et en Sorbonne à la Libération, Albert Memmi (1920-2020) se situe au carrefour de trois cultures et a construit une... [Lire la suite]
Édition établie et annotée par Guy Degas, collection « Planète Libre », CNRS éditions, 1408 p., paru en février 2021
Né en Tunisie dans une modeste famille juive de langue maternelle arabe, formé dans les écoles de l’Alliance israélite universelle puis au lycée Carnot de Tunis, enfin à l’université d’Alger pendant la guerre et en Sorbonne à la Libération, Albert Memmi (1920-2020) se situe au carrefour de trois cultures et a construit une œuvre abondante d’essayiste, mais aussi de romancier, sur la difficulté pour un minoritaire né en pays colonisé de trouver son propre équilibre entre Orient et Occident. De l’âge de 16 ans à sa disparition, il a tenu un journal, où il a recueilli ses rêves et ses cauchemars, ses doutes et ses illuminations, ses espoirs et ses désillusions, ses joies et ses frustrations : une somme de réflexions au jour le jour qui éclairent d’une lumière crue un « siècle épouvantable » mais qui constituent aussi les fondations d’une œuvre universelle.
Qui est le jeune homme que nous suivrons pas à pas, de ses 16 ans à la quarantaine, dans ce premier volume du Journal ? Un minoritaire en pays dominé, né pauvre et honteux de ses origines, mais avide de culture et désireux d’en faire son destin ? Un enfant qui ne possède d’autre langue que « le pauvre patois du ghetto », mais rêve de maîtriser celle de Rousseau et de Gide, d’égaler — qui sait… — son maître Jean Amrouche, ou même le monumental François Mauriac ? Cet adolescent pacifiste, un peu dandy, brutalement confronté à la guerre et à la nécessité de prendre parti, ou ce Juif acculturé qui fait peu à peu l’expérience de sa condition, découvre les ostracismes dont il est de tous bords entouré, et qui apprend à s’en défendre ? Que cherche-t-il ? Vivre à Tunis, en se calfeutrant dans les « valeurs-refuge » et les traditions de sa communauté, ou s’enfuir à Paris pour se mesurer à la modernité occidentale ? Étudier la médecine, la philosophie ou les sciences humaines ? S’étourdir dans les divertissements ou affronter le monde et ses contradictions, au risque de s’y brûler ? Quelles sont ses ambitions, enfin ? Lutter parmi les siens au sein de mouvements de jeunesse ou se tenir à distance de tout militantisme pour mieux analyser les situations ? Défendre ses convictions par la plume ou s’inventer un monde de fiction capable de transcender ses déchirures intimes ?
L’âge d’homme arrivé, ce jeune inconnu déchiré, devenu Albert Memmi, s’est clairement défini comme colonisé à travers le Portrait du colonisé et comme Juif par le Portrait d’un Juif. Pendant la guerre, il a fait l’expérience de la souffrance physique et de l’engagement ; plus tard, s’éloignant des siens sans les renier, il a appris — sans jamais se compromettre — à en découdre avec l’Occident et avec l’altérité. Par l’écriture de deux romans autobiographiques, il s’impose comme écrivain de langue française ; comme enseignant-chercheur en philosophie et sociologie, il collabore avec Aimé Patri, Daniel Lagache et Georges Gurvitch à l’élaboration d’une pensée humaniste aux prises avec les défis de « ce siècle de sciences, de progrès et d’effroyable bêtise ». L’extraordinaire itinéraire individuel que révèle ce Journal 1936-1962 possède sa moralité. Il prouve avec une exemplarité éblouissante que rien n’est jamais joué d’avance, que tout se conquiert : en dépit de ses origines, au-delà de sa condition et malgré l’état cataclysmique du monde, le jeune homme parvient à percevoir, loin des « vérités absolues », la promesse effective de tous les possibles, les hypothèses infinies que nous offre l’existence.
Jacques Roumain. Oeuvres complètes Édition critique coordonnée par Léon-François Hoffmann et Yves Chemla, collection « Planète Libre », CNRS éditions, 1600 p., juin 2018
On n'en finira jamais de redécouvrir l'écrivain haïtien Jacques Roumain (1907-1944). La diversité des genres comme la brièveté de son existence confèrent à son oeuvre une intensité qui lui avait déjà été reconnue par ses contemporains. Les textes rassemblés dans ce volume révèlent avec quelle fulgurance et quelle rapidité son projet s'est élaboré : c'est à 20 ans que Jacques Roumain prend conscience des contradictions... [Lire la suite]
Édition critique coordonnée par Léon-François Hoffmann et Yves Chemla, collection « Planète Libre », CNRS éditions, 1600 p., juin 2018
On n'en finira jamais de redécouvrir l'écrivain haïtien Jacques Roumain (1907-1944). La diversité des genres comme la brièveté de son existence confèrent à son oeuvre une intensité qui lui avait déjà été reconnue par ses contemporains. Les textes rassemblés dans ce volume révèlent avec quelle fulgurance et quelle rapidité son projet s'est élaboré : c'est à 20 ans que Jacques Roumain prend conscience des contradictions multiples qui meurtrissent la société haïtienne, et en particulier de ce « bovarysme » collectif que dénonce à la même époque le philosophe Jean Price-Mars. Pour faire front, Roumain s'engage dans une carrière qui va l'amener à multiplier les angles d'attaque et les postures intellectuelles. Publiant poèmes et nouvelles, traduisant des textes cubains et allemands, participant à des créations de presse, luttant activement contre l'occupation étatsunienne (1915-1934), ne transigeant avec aucune de ses exigences, il développe des analyses sociales et politiques qui dépassent le stéréotype local de « la question de couleur » et qui le conduisent à fonder le parti communiste haïtien. Emprisonné puis contraint à l'exil, Roumain poursuit son combat en tissant un réseau de relations internationales qu'aucun écrivain haïtien avant lui n'avait jamais déployé. De part et d'autre de l'Atlantique, il est accueilli et célébré. Considérant que sa connaissance des réalités populaires haïtiennes comme du passé amérindien de l'île est imparfaite, saturée d'idéologies qui font écran, il entreprend des études d'ethnologie à Paris et devient l'assistant de Paul Rivet au Musée de l'Homme, ce qui élargit encore le réseau de ses relations dans le domaine scientifique. Diplomate, il écrit un roman - Gouverneurs de la rosée - dont la notoriété internationale s'impose presque immédiatement. Sa correspondance avec sa femme et ses amis, au premier rang desquels le poète cubain Nicolás Guillén, permet de mieux cerner cette aventure flamboyante d'une conscience rigoureuse qui s'affine et s'affirme au cours d'une vie brève mais si pleine qu'elle peut nous sembler exemplaire. La publication de cet ensemble de textes, réalisée par une équipe internationale une première fois en 2003, était épuisée. Cette nouvelle édition revue, corrigée et augmentée cherche à montrer combien cette oeuvre engagée, à la fois complexe et universelle, s'adresse résolument à notre présent en sollicitant avec force le renouveau de notre lecture.
PMB
Sony Labou Tansi, poèmesÉdition critique coordonnée par Claire Riffard et Nicolas Martin-Granel, en collaboration avec Céline Gahungu, collection « Planète Libre », CNRS éditions, 1260 p., août 2015
« Pour moi, on n’est écrivain qu’à condition d’être poète ». Sony Labou Tansi (1947-1995) est connu et célébré comme romancier et dramaturge. Mais qui connaît son œuvre poétique ? De cette terra incognita, seuls témoignaient quelques poèmes éruptifs lancés à la volée dans la presse et aussitôt relégués aux oubliettes de l’éphémère. À la mort de l’écrivain, on... [Lire la suite]
Édition critique coordonnée par Claire Riffard et Nicolas Martin-Granel, en collaboration avec Céline Gahungu, collection « Planète Libre », CNRS éditions, 1260 p., août 2015
« Pour moi, on n’est écrivain qu’à condition d’être poète ». Sony Labou Tansi (1947-1995) est connu et célébré comme romancier et dramaturge. Mais qui connaît son œuvre poétique ? De cette terra incognita, seuls témoignaient quelques poèmes éruptifs lancés à la volée dans la presse et aussitôt relégués aux oubliettes de l’éphémère. À la mort de l’écrivain, on découvre dans ses papiers une multitude de poèmes manuscrits, inédits. L’ensemble constitue une mosaïque de recueils et de fragments qui obéit à un dessein aussi cohérent que son théâtre et son œuvre romanesque. La présente édition génétique les reprend tous dans le continuum chronologique de leur écriture autographe, telle qu’elle a pu être reconstituée à partir des manuscrits, de la correspondance et des entretiens.
Albert Memmi, portraitspour collection « Planète Libre », CNRS éditions, 1290 p., paru en février 2015
Albert Memmi naît en Tunisie en 1920, dans une modeste famille juive, de langue maternelle arabe.
Formé à l’Alliance israélite à Tunis, puis à l’université d’Alger, et à la Sorbonne, Memmi se trouve au carrefour de trois cultures et construit son oeuvre d’essayiste, mais aussi de fiction, sur la difficulté de trouver un équilibre entre Orient et Occident.
Avec la réédition de ses Portraits, accompagnée de nombreux textes critiques, il s’agit d’ouvrir, pour la première fois,... [Lire la suite]
pour collection « Planète Libre », CNRS éditions, 1290 p., paru en février 2015
Albert Memmi naît en Tunisie en 1920, dans une modeste famille juive, de langue maternelle arabe.
Formé à l’Alliance israélite à Tunis, puis à l’université d’Alger, et à la Sorbonne, Memmi se trouve au carrefour de trois cultures et construit son oeuvre d’essayiste, mais aussi de fiction, sur la difficulté de trouver un équilibre entre Orient et Occident.
Avec la réédition de ses Portraits, accompagnée de nombreux textes critiques, il s’agit d’ouvrir, pour la première fois, le procès du postcolonial au Maghreb – le terme procès étant pris dans sa double acception de procédure de remise en cause et de processus. C’est donc à une pensée à l’oeuvre à laquelle ces Portraits nous donnent accès, de la situation coloniale à la situation postcoloniale.
Aimé Césaire, Poésie, théâtre, essais et discourspour collection « Planète Libre », CNRS éditions, 1800 p., paru en novembre 2013
On ne lira plus jamais Césaire comme auparavant. Fini le cliché de l’écrivain progressiste qui fustige la colonisation avant de se tourner vers un théâtre anticolonialiste. Notre approche génétique, enrichie par des documents d’archives inexploités jusqu’ici, révèle toute une dimension native de son écriture : trois versions inconnues du Cahier d’un retour au pays natal, des essais de poétique et d’esthétique inédits qui éclairent la création de l’oeuvre, et une... [Lire la suite]
pour collection « Planète Libre », CNRS éditions, 1800 p., paru en novembre 2013
On ne lira plus jamais Césaire comme auparavant. Fini le cliché de l’écrivain progressiste qui fustige la colonisation avant de se tourner vers un théâtre anticolonialiste. Notre approche génétique, enrichie par des documents d’archives inexploités jusqu’ici, révèle toute une dimension native de son écriture : trois versions inconnues du Cahier d’un retour au pays natal, des essais de poétique et d’esthétique inédits qui éclairent la création de l’oeuvre, et une constellation de textes poétiques, éblouissants de métaphores filées, qui donnent son sens vivant au concept de négritude, tel que Césaire lui donne forme de 1935 à 1987. Quant au théâtre césairien, cette nouvelle édition critique permet pour la première fois de mesurer à quel point sa dramaturgie, passionnée d’histoire, a joué un rôle central dans le grand tournant des années 1950.
Jean-Joseph Rabearivelo. Œuvres complètes, tome 2Édition critique coordonnée par, S. Meitinger. L. Ramarosoa et C. Riffard, Collection « Planète libre », CNRS éditions, 1792 p., paru en juin 2012
Imaginez, en ce début du vingtième siècle, au coeur d’une île à ce moment soumise à la France, un jeune homme de couleur qui découvre en lui le don de l’expression, associé à l’amour des Lettres et de la langue française ! Conscient de son génie, Jean-Joseph Rabearivelo, né en 1903, travaille ainsi à devenir le premier « intellectuel » de sa nation. Poète, journaliste et critique, romancier et dramaturge,... [Lire la suite]
Édition critique coordonnée par, S. Meitinger. L. Ramarosoa et C. Riffard, Collection « Planète libre », CNRS éditions, 1792 p., paru en juin 2012
Imaginez, en ce début du vingtième siècle, au coeur d’une île à ce moment soumise à la France, un jeune homme de couleur qui découvre en lui le don de l’expression, associé à l’amour des Lettres et de la langue française ! Conscient de son génie, Jean-Joseph Rabearivelo, né en 1903, travaille ainsi à devenir le premier « intellectuel » de sa nation. Poète, journaliste et critique, romancier et dramaturge, historien et traducteur, il s’efforcera de maintenir l’équilibre entre l’apport natal et l’essor que lui permet un médium étranger prestigieux.
Lui qui se dit « fils des Rois d’une époque abolie », mais vit durement son statut de bâtard, il sera l’éclat et l’illustration de sa « race ». Cela passe par la maîtrise de la langue du conquérant et par l’excellence qu’il saura montrer dans le champ littéraire d’une des plus anciennes civilisations d’Europe. Néanmoins, il n’oublie pas et n’oubliera jamais la langue et la civilisation malgaches. Sa perspective intellectuelle, littéraire, esthétique et critique, est toute tracée, et son voeu le plus cher est de mettre en contact, de faire passer l’une dans l’autre les deux cultures qui sont les siennes : l’européenne (la française plus particulièrement) et la malgache.
Son étonnante créativité ne se contente pas d’exploiter les modèles en vigueur, et la maîtrise de la langue française ne signifie pas soumission intellectuelle et morale au conquérant. Cette langue venue d’ailleurs, imposée d’abord par la force des armes mais passionnément aimée, peut devenir, au point de passage des langues, un outil d’ouverture au monde et à l’universalité de la littérature en tant qu’expression de la dignité humaine.
Ce second tome de ses oeuvres complètes comprend d’abord l’oeuvre essentiel, c’est-à-dire l’oeuvre de création – la poésie, les récits, les pièces de théâtre –, puis l’oeuvre de l’éminent passeur de cultures et de civilisations qu’il fut durant toute sa fulgurante carrière – les traductions de poèmes malgaches traditionnels et contemporains vers le français –, et enfin la contribution de l’intellectuel engagé et créateur à la fois – les articles critiques et les essais d’histoire.
Jean-Joseph Rabearivelo. Œuvres complètes, tome 1Édition critique coordonnée par, S. Meitinger. L. Ramarosoa et C. Riffard, Collection « Planète libre », CNRS éditions, 1274 p. , paru en octobre 2010
Imaginez, au début du vingtième siècle, au coeur d’une île à ce moment soumise à la France, un jeune homme de couleur qui découvre en lui le don de l’expression, associé à l’amour des Lettres et de la langue française ! Conscient de son génie, Jean-Joseph Rabearivelo, né en 1903, travaille à devenir ainsi le premier « intellectuel » de sa nation. Poète, journaliste et critique, romancier et dramaturge,... [Lire la suite]
Édition critique coordonnée par, S. Meitinger. L. Ramarosoa et C. Riffard, Collection « Planète libre », CNRS éditions, 1274 p. , paru en octobre 2010
Imaginez, au début du vingtième siècle, au coeur d’une île à ce moment soumise à la France, un jeune homme de couleur qui découvre en lui le don de l’expression, associé à l’amour des Lettres et de la langue française ! Conscient de son génie, Jean-Joseph Rabearivelo, né en 1903, travaille à devenir ainsi le premier « intellectuel » de sa nation. Poète, journaliste et critique, romancier et dramaturge, historien et traducteur, il s’efforcera de maintenir l’équilibre entre l’apport natal et l’essor que lui permet un médium étranger prestigieux. Mais, en ce premier volume des oeuvres complètes, c’est d’abord Jean-Joseph Rabearivelo par lui-même qui apparaît en tant que diariste, épistolier et moraliste. La part la plus considérable de l’ouvrage est occupée par les Calepins bleus (1933-1937), journaux intimes, longtemps tenus secrets pour leur caractère sulfureux mais déjà célèbres, où il ne cesse d’apprécier ses passions, ses actions et ses projets à l’aune des mots, des images, des idées déjà mis en avant par ceux qu’il vénère comme ses maîtres. Il y a quelque chose de pathétique et d’exaltant à la fois dans cette constante référence à un modèle intellectuel, esthétique et éthique magnifié. Toutefois ce recours patient et entêté ne permit pas au jeune poète de vaincre un sentiment de détresse en grande partie engendré par sa situation culturelle de déchirement et qui le conduisit au suicide au mois de juin 1937. Le journal, dont voici enfin le livre, a subi, lui aussi, la tentation du suicide et les cinq premiers tomes ont été brûlés de la main de l’auteur. Ce fut une tentation récurrente comme en témoigne cette notation du 1er décembre 1935 :
« Ai encore une fois velléité de brûler tous mes Calepins bleus. En suis dégoûté – tellement c’est ou trop nu (jusqu’à montrer les os) ou trop habillé (comme une catin âgée mais ayant toujours besoin de vivre). »
Au lecteur de se faire une juste idée de cette âpre nudité et de ces fards parfois capiteux en se plongeant dans le flux de ces jours écrits avec la constante exigence de l’artiste !
Léopold Sédar Senghor, Poésie complètepour collection « Planète Libre », CNRS éditions, 1800 p., paru en novembre 2007
"Nourri de traditions diverses, Léopold Sédar Senghor s’est volontairement tourné vers la civilisation de demain, qui devrait être la Civilisation de l’Universel. C’est dire la variété, la richesse et la portée de son œuvre poétique. Le présent volume réunit pour la première fois l’ensemble des recueils publiés. Témoignage éclatant d’une Francophonie soucieuse d’intégrer les mots et les images venus du fonds originel, cette poésie d’un haut lyrisme et d’une invention... [Lire la suite]
pour collection « Planète Libre », CNRS éditions, 1800 p., paru en novembre 2007
"Nourri de traditions diverses, Léopold Sédar Senghor s’est volontairement tourné vers la civilisation de demain, qui devrait être la Civilisation de l’Universel. C’est dire la variété, la richesse et la portée de son œuvre poétique. Le présent volume réunit pour la première fois l’ensemble des recueils publiés. Témoignage éclatant d’une Francophonie soucieuse d’intégrer les mots et les images venus du fonds originel, cette poésie d’un haut lyrisme et d’une invention constante est porteuse d’un message qui mérite d’être entendu par l’homme d’aujourd’hui".
Pierre Brunel
Génétique (CNRS éditions)
Histoire de l’abbaye de Fontevraud. Notre-Dame-des-pleurs 1101-1793Michel Melot, Collection Génétique, CNRS Éditions, 2022, 626 p.
L’abbaye de Fontevraud est exceptionnelle à plusieurs titres. Fondée par un homme, elle a accueilli essentiellement des femmes. Réunissant au départ moines et moniales de toutes conditions, aristocrates et misérables, elle a mis en péril l’ordre social. Plus grande cité monastique d’Europe au XVIIIe, elle a été transformée en prison après la Révolution. Comment expliquer le destin si singulier de... [Lire la suite]
Michel Melot, Collection Génétique, CNRS Éditions, 2022, 626 p.
L’abbaye de Fontevraud est exceptionnelle à plusieurs titres. Fondée par un homme, elle a accueilli essentiellement des femmes. Réunissant au départ moines et moniales de toutes conditions, aristocrates et misérables, elle a mis en péril l’ordre social. Plus grande cité monastique d’Europe au XVIIIe, elle a été transformée en prison après la Révolution. Comment expliquer le destin si singulier de ce lieu, inscrit aujourd’hui au Patrimoine mondial de l’Unesco ? En 1101, quand Robert d’Arbrissel, seul roturier parmi les fondateurs d’Ordres au XIIe siècle, décide de créer Fontevraud, il y organise une vie de pauvreté, de pénitence et de prière, et demande aux femmes de le gouverner. C’est donc à une abbesse, et non à un abbé, que l’on doit la règle du monastère et le contrôle du recrutement des frères. Fontevraud devient une abbaye puissante, en raison de son rapport avec Aliénor d’Aquitaine, reine de France puis d’Angleterre, son mari Henri II Plantagenêt et son fils Richard Cœur de Lion. Tous trois y reposent, dans leurs majestueux gisants. Gardant la cicatrice de la guerre de Cent Ans, elle suivit ensuite l’ascension des Bourbons. Ce livre raconte, sur près de huit siècles, l’histoire de ce monde sans extérieur dont l’organisation figure le temps qui s’y écoule heure après heure, jour après jour, mais aussi de ces hommes et ces femmes qui l’occupent et le font vivre.
Flaubert et le moment théorique (1960-1980)Sous la direction de Pierre-Marc de Biasi et Anne Herschberg Pierrot, CNRS éditions, octobre 2021, 296 p.
Et si Flaubert, dont on fête en 2021 le bicentenaire, n’était né, en réalité, qu’il y a une cinquantaine d’années ?
Entre 1960 et 1980, la France traverse une période d’intense effervescence intellectuelle : ce que l’on appellera le moment théorique. Les sciences de l’homme sont mises à contribution pour repenser la littérature... [Lire la suite]
Sous la direction de Pierre-Marc de Biasi et Anne Herschberg Pierrot, CNRS éditions, octobre 2021, 296 p.
Et si Flaubert, dont on fête en 2021 le bicentenaire, n’était né, en réalité, qu’il y a une cinquantaine d’années ?
Entre 1960 et 1980, la France traverse une période d’intense effervescence intellectuelle : ce que l’on appellera le moment théorique. Les sciences de l’homme sont mises à contribution pour repenser la littérature selon les normes d’une axiologie formelle – le structuralisme – où prévalent les exigences de systématicité et de radicalité.
C’est dans ce contexte que Flaubert acquiert une notoriété de premier plan. En moins d’une décennie, il s’impose comme une référence dominante pour la nouvelle critique, l’Université et les jeunes romanciers qui découvrent sa flamboyante Correspondance à travers une anthologie, centrée sur sa poétique : Préface à la vie de l’écrivain de Geneviève Bollème, où il apparaît comme un véritable précurseur du roman contemporain et de l’esthétique conceptuelle.
De Roland Barthes à Michel Foucault, de Jean-Paul Sartre à Pierre Bourdieu ou à Jacques Rancière, de Michel Butor, Nathalie Sarraute et Alain Robbe-Grillet à Pierre Bergounioux ou Pierre Michon, de Jean-Pierre Richard à Gérard Genette, c’est toute une génération qui reconnaît en Flaubert la figure souveraine de l’écrivain, au sens absolu du terme, à la fois prophète du minimalisme, théoricien du style et du travail sur la prose, penseur du processus créatif et inventeur du roman moderne.
Sans chercher à être exhaustif, cet ouvrage suit l’ordre alphabétique pour explorer, à travers quelques grands acteurs du moment théorique, ce fascinant processus de réception créatrice dont nous continuons tous aujourd’hui à être les héritiers.
Lieux communs. L’art du clichéSous la direction de Itzhak Goldberg, assistée par Marie-Laure Delaporte, CNRS éditions, coll. Génétique, mai 2019, 224 p.
Mal aimé et mal compris, le « lieu commun » constitue pourtant le ciment discursif indispensable à l’existence d’un lien social : il enregistre ce qui permet le partage. Sartre disait à ce sujet : « ce beau mot désigne sans doute les pensées les plus rebattues, mais c’est qu’elles sont devenues le lieu de rencontre de la communauté. Chacun s’y retrouve, y retrouve l’autre ». Les lieux communs ne sont pas l’expression d’un universel... [Lire la suite]
Sous la direction de Itzhak Goldberg, assistée par Marie-Laure Delaporte, CNRS éditions, coll. Génétique, mai 2019, 224 p.
Mal aimé et mal compris, le « lieu commun » constitue pourtant le ciment discursif indispensable à l’existence d’un lien social : il enregistre ce qui permet le partage. Sartre disait à ce sujet : « ce beau mot désigne sans doute les pensées les plus rebattues, mais c’est qu’elles sont devenues le lieu de rencontre de la communauté. Chacun s’y retrouve, y retrouve l’autre ». Les lieux communs ne sont pas l’expression d’un universel anhistorique, mais formulent au contraire des images et des constructions mentales qui prennent leur source dans un contexte donné : elles sont forgées par et pour une société déterminée qui parle d’elle-même et de son temps.
Dans son acception courante, le terme a pris un sens péjoratif : celui de la banalité, du cliché et du stéréotype. Pour la création artistique qui vit, depuis l’époque romantique, sous le régime de la singularité, le lieu commun a longtemps été ressenti comme disqualifiant. Donne-t-il pour autant naissance à des représentations nécessairement préconçues et figées ? À partir des années 1960, un double renversement relance le débat : les artistes se révoltent contre la dictature de l’originalité et le concept se trouve replacé, par l’idéologie de l’avant-garde, au centre névralgique de la création. Alors que les lieux communs s’affichaient autrefois comme les idées reçues que l’art avait mission de révoquer en doute, ils s’affirment aujourd’hui, en tant que tels, comme le matériau crucial du geste créateur.
Préface de Pascal Ory
Le mythe de l'art antique Sous la direction de Emmanuelle Hénin et Valérie Naas, CNRS éditions, coll. Génétique, avril 2018, 450 p.
De la peinture antique, qui fut certainement d'une grande richesse, nous ne conservons que de rares traces matérielles. Mais ces chefs-d'œuvre disparus ont subsisté à travers des textes qui les décrivent et nous racontent, à leur propos, des anecdotes, mythes et récits que la tradition a fini par transformer en lieux communs
De la peinture antique, qui fut certainement d'une grande richesse, nous ne conservons que de rares traces matérielles. Mais ces... [Lire la suite]
Sous la direction de Emmanuelle Hénin et Valérie Naas, CNRS éditions, coll. Génétique, avril 2018, 450 p.
De la peinture antique, qui fut certainement d'une grande richesse, nous ne conservons que de rares traces matérielles. Mais ces chefs-d'œuvre disparus ont subsisté à travers des textes qui les décrivent et nous racontent, à leur propos, des anecdotes, mythes et récits que la tradition a fini par transformer en lieux communs
De la peinture antique, qui fut certainement d'une grande richesse, nous ne conservons que de rares traces matérielles. Mais ces chefs-d'œuvre disparus ont subsisté à travers des textes qui les décrivent et nous racontent, à leur propos, des anecdotes, mythes et récits que la tradition a fini par transformer en lieux communs : l'artiste tombant amoureux de son modèle, le jeune homme préférant la statue à la femme de chair, le peintre se livrant à la torture pour mieux représenter la douleur, des raisins si parfaitement imités que les oiseaux viennent les picorer.
C'est par la médiation de ces discours et de ces narrations que l'art antique a irrigué tout l'art occidental, dans sa pratique comme dans sa conception. Sans cesse repensés et reformulés, ces récits fondateurs ont offert à chaque auteur l'occasion d'exprimer sa vision singulière et se sont finalement traduits par autant d'interprétations originales.
Quelle a pu être l'influence de ces lieux communs sur les théories artistiques de l'âge moderne et contemporain ? Ont-ils contribué à alimenter, enrichir et populariser les discours théoriques, ou au contraire à les mettre en défaut, à les entraver ou à s'y substituer ? Par quelles médiations – rhétorique, philosophique, académique – cet ascendant des lieux communs s'est-il exercé ? Quel rôle ont-ils joué dans la pratique des artistes, notamment dans le choix et le traitement des sujets ? Par quel processus artistique s'accomplit la transposition fictionnelle du lieu commun ? Par quels indices peut-on identifier sa présence subliminale dans une œuvre ? Voilà l'enquête à laquelle nous convie cet ouvrage qui revisite magistralement l'histoire de l'art à la lumière de ses origines narratives.
L'oeuvre comme processusSous la direction de Pierre-Marc De Biasi et Anne Herschberg Pierrot, CNRS éditions, collection Génétique, 606 P., 2017
Actes du congrès mondial de critique génétique Cerisy La Salle, 2-9 septembre 2010
Discipline jeune, née du « moment théorique » des années 1970, la génétique constitue l’une des principales innovations des trente dernières années dans les méthodes d’approche de la littérature et de la création. Après avoir défi ni sa démarche et ses outils d’analyse dans le champ des études littéraires, la critique génétique élargit son... [Lire la suite]
Sous la direction de Pierre-Marc De Biasi et Anne Herschberg Pierrot, CNRS éditions, collection Génétique, 606 P., 2017
Actes du congrès mondial de critique génétique Cerisy La Salle, 2-9 septembre 2010
Discipline jeune, née du « moment théorique » des années 1970, la génétique constitue l’une des principales innovations des trente dernières années dans les méthodes d’approche de la littérature et de la création. Après avoir défi ni sa démarche et ses outils d’analyse dans le champ des études littéraires, la critique génétique élargit son horizon à de nouveaux domaines, textuels ou non, relevant notamment de l’histoire de l’art et de l’histoire des sciences.
Dans le prolongement des deux précédents congrès de critique génétique, les Actes de cette rencontre (Cerisy, 2010) qui a réuni une soixantaine de chercheurs et une douzaine de nationalités, offrent une image complète et détaillée des avancées de la discipline et de ses enjeux majeurs : théorie et terminologie de la génétique, relations aux méthodes critiques et à l’esthétique, grands corpus et nouveaux champs d’investigation (littératures francophones, peinture, photographie, architecture, cognition, informatique), édition en ligne des manuscrits, liens entre conservation et recherche, archive numérique, diffusion de la discipline dans le monde, recherches doctorales en cours.
Un « état de l’art » indispensable pour découvrir les avancées et les potentialités surprenantes de cette approche scientifique qui renouvelle notre connaissance de l’œuvre à partir de ses archives de travail et de ses processus de création.
La collection Gaignières. Un inventaire du royaume au XVIIe siècleAnne Ritz-Guilbert, Paris, Collection Génétique, CNRS Éditions, 2016, 384 p.
Pendant presqu’un demi-siècle, « l’antiquaire » François-Roger de Gaignières (1642-1715), accompagné d’un copiste-paléographe et d’un dessinateur, a parcouru la France en se donnant pour mission d’enregistrer toutes les traces laissées par l’histoire de la noblesse et de la monarchie françaises. Copiant et relevant des centaines de milliers d’actes, de titres, d’édifices et de monuments pour beaucoup aujourd’hui disparus, Gaignières et son équipe ont rassemblé une... [Lire la suite]
Anne Ritz-Guilbert, Paris, Collection Génétique, CNRS Éditions, 2016, 384 p.
Pendant presqu’un demi-siècle, « l’antiquaire » François-Roger de Gaignières (1642-1715), accompagné d’un copiste-paléographe et d’un dessinateur, a parcouru la France en se donnant pour mission d’enregistrer toutes les traces laissées par l’histoire de la noblesse et de la monarchie françaises. Copiant et relevant des centaines de milliers d’actes, de titres, d’édifices et de monuments pour beaucoup aujourd’hui disparus, Gaignières et son équipe ont rassemblé une collection documentaire exceptionnelle et sans précédent : un « musée de papier », à ce jour inédit, qui offre un témoignage éblouissant des richesses patrimoniales de la France médiévale et moderne.
Anne Ritz-Guilbert nous fait pénétrer au cœur de cette collection aujourd’hui dispersée en nous donnant à comprendre dans sa totalité l’architecture classificatoire de cet « inventaire du royaume » par lequel Gaignières inaugure une véritable pensée du patrimoine. En reconstituant le contexte intellectuel et matériel de cette formidable accumulation de dessins et de relevés, elle révèle également le rôle considérable et mal connu de la collection Gaignières dans la construction des savoirs historiques et des représentations imaginaires à travers lesquels les XIXe et XXe siècles ont forgé notre conception du Moyen Âge.
Critique & médiumIvanne RIALLAND, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2016, 366 p.
Article de presse, livre, dictionnaire, entretien, chronique, émission télévisée ou radiophonique, site web, blog… la critique d’art se déploie à travers des supports dont la diversité et les impacts spécifiques se trouvent souvent négligés au profit d’analyses centrées sur le jugement esthétique des auteurs et les valeurs qu’ils défendent. Mais les significations peuvent-elles être indépendantes du canal matériel et du processus éditorial par lequel elles s’expriment ? Qu’il... [Lire la suite]
Ivanne RIALLAND, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2016, 366 p.
Article de presse, livre, dictionnaire, entretien, chronique, émission télévisée ou radiophonique, site web, blog… la critique d’art se déploie à travers des supports dont la diversité et les impacts spécifiques se trouvent souvent négligés au profit d’analyses centrées sur le jugement esthétique des auteurs et les valeurs qu’ils défendent. Mais les significations peuvent-elles être indépendantes du canal matériel et du processus éditorial par lequel elles s’expriment ? Qu’il s’y adapte ou qu’il les déjoue, le discours critique fait siennes les contraintes d’un médium qui structure en profondeur les composantes de son message. Non seulement le médium prescrit le format (texte, image, parole), la longueur (ou la durée) et la tonalité des énoncés, mais il agit aussi, par ses moyens propres, sur l’évaluation même de l’œuvre et les modalités du jugement de goût, non sans tension, parfois, avec le discours critique lui-même.
Conjuguant histoire du livre, analyse littéraire, sciences de l’information et de la communication, sociocritique, génétique et médiologie, cet ouvrage cherche à élucider ce que le discours critique sur les arts doit aux différents systèmes matériels sur lesquels il s’articule et aux intentionnalités multiples dont il est porteur. Cette étude propose des cadrages théoriques et méthodologiques de la question ainsi que de nombreuses études de cas mettant en évidence les riches et complexes interactions qui se jouent entre discours critique et médium.
Hébreu, du sacré au maternelKeren Mock, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2016, 360 p.
Quels matériaux sont nécessaires à la création d’une nouvelle langue maternelle et quel processus aboutit à son adoption par ses locuteurs_? L’hébreu, langue aujourd’hui quotidienne dont le fondement est spirituel, culturel et religieux, nous éclaire sur la genèse d’une nouvelle langue maternelle. Mais pour comprendre cette résurgence, il fallait rassembler et interpréter ses archives.
Procédant à une fouille archéologique qui nous conduit du présent aux strates les plus anciennes,... [Lire la suite]
Keren Mock, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2016, 360 p.
Quels matériaux sont nécessaires à la création d’une nouvelle langue maternelle et quel processus aboutit à son adoption par ses locuteurs_? L’hébreu, langue aujourd’hui quotidienne dont le fondement est spirituel, culturel et religieux, nous éclaire sur la genèse d’une nouvelle langue maternelle. Mais pour comprendre cette résurgence, il fallait rassembler et interpréter ses archives.
Procédant à une fouille archéologique qui nous conduit du présent aux strates les plus anciennes, l’auteure dialogue avec deux des plus grands écrivains israéliens, Aharon Appelfeld et Sami Michael, pénètre dans «_la fabrique_» lexicographique d’Eliezer Ben-Yehuda, et revient sur les fondements philosophiques de l’hébreu profane par une lecture inédite de l’Abrégé de grammaire hébraïque de Baruch Spinoza.
Gauguin & Signac : La genèse du titre contemporain sous la direction de Pierre-Marc de Biasi, Marianne Jakobi, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2015, 304 p.
Quoi de commun entre Paul Gauguin (1848-1903) et Paul Signac (1863-1935) ? Le premier, révolté, rompt avec l’académisme et s’exile au bout du monde à la recherche d’un Eden multicolore. Le second, proche des anarchistes, mais vite consacré comme peintre officiel du néo-impressionnisme, peint sans relâche bords de Seine et ports de pêche. Quelque chose d’essentiel, pourtant, les rapproche : leur relation au « titre », considéré jusque-là comme... [Lire la suite]
sous la direction de Pierre-Marc de Biasi, Marianne Jakobi, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2015, 304 p.
Quoi de commun entre Paul Gauguin (1848-1903) et Paul Signac (1863-1935) ? Le premier, révolté, rompt avec l’académisme et s’exile au bout du monde à la recherche d’un Eden multicolore. Le second, proche des anarchistes, mais vite consacré comme peintre officiel du néo-impressionnisme, peint sans relâche bords de Seine et ports de pêche. Quelque chose d’essentiel, pourtant, les rapproche : leur relation au « titre », considéré jusque-là comme un détail insignifiant, et auquel l’un et l’autre assignent, chacun à sa manière, un statut de décision artistique qui en fait, pour la première fois une composante majeure de l’oeuvre.
Gauguin l’exilé transforme le titre en une énigme sauvage. Il le projette dans l’espace même de la toile et le formule dans la langue de l’autre, en tahitien : l’illisible interroge le visible, le primitif bouscule la modernité, l’art change d’échelle et devient planétaire. Quant à Signac, il emprunte à la musique le principe d’une intitulation par « Opus » qui confère au titre l’abstraction, riche d’avenir, de la « série » : passant de la tradition narrative à la simple numérotation, il parodie le monde industriel pour mieux identifier l’autonomie artistique.
L’histoire de l’art n’a pas suffisamment mesuré en quoi ces deux démarches projettent sur les dernières décennies du xixe siècle le principe d’une mutation radicale dans les rapports entre l’artiste, le monde et son oeuvre. Il s’agit de gestes fondateurs qui sont à la source du titre contemporain. C’est de ce lien secret entre les mots et la peinture qu’il est question ici : une approche génétique
Léon-Gontran Damas Cent ans en noir et blanc sous la direction de Pierre-Marc de Biasi, Antonella EMINA, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2014, 340 p.
Cofondateur du mouvement de la négritude avec Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor dans les années 1940, Léon-Gontran Damas (1912-1978) est une figure guyanaise charnière, encore méconnue. Poète, homme politique, professeur d’université en Amérique, son oeuvre témoigne d’un engagement contre le racisme et les diverses formes de ségrégation tout en proposant d’audacieuses expériences de langage. Plus que Césaire ou Senghor, il s’est... [Lire la suite]
sous la direction de Pierre-Marc de Biasi, Antonella EMINA, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2014, 340 p.
Cofondateur du mouvement de la négritude avec Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor dans les années 1940, Léon-Gontran Damas (1912-1978) est une figure guyanaise charnière, encore méconnue. Poète, homme politique, professeur d’université en Amérique, son oeuvre témoigne d’un engagement contre le racisme et les diverses formes de ségrégation tout en proposant d’audacieuses expériences de langage. Plus que Césaire ou Senghor, il s’est intéressé très tôt au problème racial aux États-Unis et se liera d’amitié avec les chefs de file de la révolte afro-américaine dont Richard Wright. Il est l’un des premiers à considérer le racisme à une échelle planétaire.
Les témoignages de Maryse Condé et de Daniel Maximin, les études sur ses poèmes dont le célèbre « Hoquet », son usage des langues entre le français et le créole, sa forme d’engagement rendent enfin honneur à cet auteur et présentent sous toutes ses facettes une oeuvre riche, proche de l’esprit d’un Frantz Fanon. Un retour sur l’histoire des littératures francophones et la découverte d’un auteur auquel les études postcoloniales donnent un relief particulier.
InstallationsItzhak GOLDBERG, collection Génétique, CNRS éditions, 320 p., janvier 2014
Permanentes ou éphémères, sonores ou visuelles, souvent interactives, les installations stimulent la création artistique depuis plus d’un demi-siècle. Elles continuent pourtant à poser problème au public. Qu’est-ce qu’une installation ? La question n’est pas simple. Cette pratique n’est pas un genre en soi, mais elle tire sa force de la réunion, des hybridations et de la juxtaposition de différents horizons et modifie, parfois avec violence, nos habitudes visuelles.
Parce... [Lire la suite]
Itzhak GOLDBERG, collection Génétique, CNRS éditions, 320 p., janvier 2014
Permanentes ou éphémères, sonores ou visuelles, souvent interactives, les installations stimulent la création artistique depuis plus d’un demi-siècle. Elles continuent pourtant à poser problème au public. Qu’est-ce qu’une installation ? La question n’est pas simple. Cette pratique n’est pas un genre en soi, mais elle tire sa force de la réunion, des hybridations et de la juxtaposition de différents horizons et modifie, parfois avec violence, nos habitudes visuelles.
Parce qu’elles refusent toute séparation définitive entre le cadre muséal et la vie quotidienne, qu’elles abolissent les frontières entre l’oeuvre et l’espace qui l’environne, ces mises en scène ne se réduisent pas au face-à-face traditionnel de l’oeuvre d’art avec le regardeur, mais visent à produire une expérience sensorielle liée aux déplacements du spectateur.
Englobé dans une oeuvre qui s’étend dans l’espace, le spectateur se mue en explorateur et se déplace sur un terrain plein de surprises. En dernière instance, la confrontation avec les installations est avant tout une rencontre perturbatrice.
Itzhak Goldberg retrace la naissance et l’histoire de cette forme artistique, de son expansion et de l’attention qu’elle porte aux problèmes de société, devenant un véritable sismographe de la modernité.
La fabrique du titre. Nommer les oeuvres d'artsous la direction de Pierre-Marc de Biasi, Marianne Jakobi et Ségolène Le Men, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2012, 458 p.
On dit l’« Olympia » de Manet, « La Joconde » de Vinci, ou « Guernica » de Picasso, comme si le lien entre le tableau et son titre allait de soi. Pourtant, identifier l’œuvre d’art par un titre est une pratique récente.
Mais est-ce toujours l’artiste qui nomme sa création ? Par quel processus et à quel moment prend forme l’acte d’intituler une œuvre ? Quel rôle le titre joue-t-il dans sa création et dans sa... [Lire la suite]
sous la direction de Pierre-Marc de Biasi, Marianne Jakobi et Ségolène Le Men, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2012, 458 p.
On dit l’« Olympia » de Manet, « La Joconde » de Vinci, ou « Guernica » de Picasso, comme si le lien entre le tableau et son titre allait de soi. Pourtant, identifier l’œuvre d’art par un titre est une pratique récente.
Mais est-ce toujours l’artiste qui nomme sa création ? Par quel processus et à quel moment prend forme l’acte d’intituler une œuvre ? Quel rôle le titre joue-t-il dans sa création et dans sa réception ? La Fabrique du titre répond pour la première fois à ces questions en portant l’enquête dans les coulisses de la création, du XVIIe siècle à nos jours : intitulés personnels des artistes, titres d’ateliers, intitulations de Salon, musée ou galerie, qualifications de circonstance, dénominations fictives, jusqu’au cas paradoxal des « sans-titre ».
Réunissant les meilleurs spécialistes de Courbet, Manet, Gauguin, Rodin, Miró, Masson, Alechinsky, Twombly, Bourgeois et Pane, le livre aborde une multiplicité de genres allant de la peinture aux arts graphiques, de la sculpture à la photographie, de l’action aux performances.
Un champ de recherche inédit, fertile en découvertes surprenantes, pour comprendre la genèse de ce geste inaugural : donner à l’œuvre le nom qui la représentera.
Le voyage de Nietzsche à SorrentePaolo D’Iorio, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2012
Automne 1876 : Nietzsche, jeune professeur de philologie à Bâle, brillant élève de Ritschl, part pour Sorrente, invité par son amie Malwida von Meysenbug. C’est son premier voyage dans le Sud : une découverte qui va changer sa vie et le cours de sa philosophie. C’en est fini des tentatives de renouveler la culture allemande au nom de la cause wagnérienne ; l’auteur de La Naissance de la tragédie (1872) commence sa mue.
Paolo D’Iorio dresse la carte de cette métamorphose : lectures et... [Lire la suite]
Paolo D’Iorio, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2012
Automne 1876 : Nietzsche, jeune professeur de philologie à Bâle, brillant élève de Ritschl, part pour Sorrente, invité par son amie Malwida von Meysenbug. C’est son premier voyage dans le Sud : une découverte qui va changer sa vie et le cours de sa philosophie. C’en est fini des tentatives de renouveler la culture allemande au nom de la cause wagnérienne ; l’auteur de La Naissance de la tragédie (1872) commence sa mue.
Paolo D’Iorio dresse la carte de cette métamorphose : lectures et discussions, promenades, explorations des environs avec son ami Paul Rée et l’étudiant Albert Brenner ; il fait revivre cette sociabilité joyeuse et confiante qui fertilise l’élan créateur de Nietzsche. C’est à Sorrente que Nietzsche entreprend la rédaction de Choses humaines, trop humaines, dédié à Voltaire. Cette œuvre, la première sous forme d’aphorismes, inaugure sa philosophie de la maturité. La rupture avec Wagner qu’il verra alors pour la dernière fois, est intellectuellement consommée bien qu’encore cachée.
À la suite de ce voyage, Nietzsche abandonnera sa chaire bâloise et entamera une existence de philosophe sous le signe du Midi entre la Suisse, la France et l’Italie.
Cioran malgré lui. Écrire à l'encontre de soi Nicolas CAVAILLÈS , Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2011, 400 p.
Cioran restitué dans tous ses paradoxes. Cioran qui, confronté au scandale d’une existence radicalement absurde, trouve un sursis dans l’alliage inédit des imprécations et de l’élégance. C’est en s’attachant à l’analyse de sa première oeuvre écrite en français, Précis de Décomposition (1949), que Nicolas Cavaillès dévoile toute la singularité du penseur.
Livre de la découverte enthousiaste et conquérante d’une nouvelle grammaire, livre-défouloir, ultimatum à la... [Lire la suite]
Nicolas CAVAILLÈS , Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2011, 400 p.
Cioran restitué dans tous ses paradoxes. Cioran qui, confronté au scandale d’une existence radicalement absurde, trouve un sursis dans l’alliage inédit des imprécations et de l’élégance. C’est en s’attachant à l’analyse de sa première oeuvre écrite en français, Précis de Décomposition (1949), que Nicolas Cavaillès dévoile toute la singularité du penseur.
Livre de la découverte enthousiaste et conquérante d’une nouvelle grammaire, livre-défouloir, ultimatum à la vie et « thérapeutique par le feu » : Précis de Décomposition marque un point de non-retour dans la lutte de l’auteur contre l’existence, et surtout contre lui-même. Suicidaire, décomposé, corrompu, esthète, enragé, joueur, Cioran y démultiplie les je que la vie commande chaque jour de ravaler sous un seul et unique visage. Souriant sans se trahir, pleurant sans se ridiculiser, se distordant sans sombrer dans la monstruosité. Nulle part mieux que dans les manuscrits du Précis on ne saisira l’impressionnante intensité de cette écriture.
Planète libre Essais (CNRS éditions)
Jean-Joseph Rabearivelo. Une biographieÉssai critique et biographique de Claire Riffard, collection « Planète Libre Essais », CNRS éditions, 368 p., novembre 2022.
Jean-Joseph Rabearivelo l'avait prédit : « On s'intéressera, plus tard, terriblement à moi - ne serait-ce que parce que j'aurai été un fameux précurseur ! Une petite manière de vengeance sur ce siècle - sur ce temps - sans foi et ingrat. Le mien. J'aurai ma légende. Une légende qui sera à souhait grossie et, à... [Lire la suite]
Éssai critique et biographique de Claire Riffard, collection « Planète Libre Essais », CNRS éditions, 368 p., novembre 2022.
Jean-Joseph Rabearivelo l'avait prédit : « On s'intéressera, plus tard, terriblement à moi - ne serait-ce que parce que j'aurai été un fameux précurseur ! Une petite manière de vengeance sur ce siècle - sur ce temps - sans foi et ingrat. Le mien. J'aurai ma légende. Une légende qui sera à souhait grossie et, à souhait aussi, à grands coups d'érudition, ramenée à ses justes proportions... »
Le poète, disparu en 1937, avait vu juste : on s'intéresse en effet de plus en plus à lui.
Son image a longtemps été limitée à une photographie sépia, quelques poèmes et une fin tragique, son suicide au cyanure à 34 ans. À rebours de cette figure d'écrivain maudit qui a dominé tout le siècle dernier, l'étude ici menée rend compte des recherches récentes dans les archives du poète. On y découvre une œuvre considérable, écrite à l'interface entre langue malgache et langue française, sortie de l'ombre où elle avait été longtemps conservée. Et un joyau : le journal des cinq dernières années de la vie du poète, ses Calepins bleus, sa « vie écrite ».
Le récit biographique proposé par Claire Riffard s'appuie sur ce journal intime, mais aussi sur les autres manuscrits de l'écrivain, qui permettent d'accéder à la genèse de son écriture. Elle retrace le parcours d'un jeune homme dans sa ville, Tananarive, qu'il n'a presque jamais quittée, et l'itinéraire d'un artiste à la croisée des mondes. Comment survivre aux contradictions qui furent celles de Rabearivelo en pleine période coloniale ? Sommé de choisir entre son amour passionné pour la littérature étrangère et sa fidélité radicale « à la terre et aux morts » de Madagascar, il refuse d'obtempérer. De ce refus naît une œuvre immense.
Sony Labou Tansi. Naissance d’un écrivain Éssai critique et biographique de Céline Gahungu, collection « Planète Libre Essais », CNRS éditions, 288 p., janvier 2019
Qui est Sony Labou Tansi ? Celui que l’on considère aujourd’hui comme l’un des plus grands auteurs africains d’expression française n’est pas né en un jour. Il lui a fallu s’imaginer, se fabriquer, se faire connaître et reconnaître par un Congo en proie aux convulsions de l’Histoire. Tout s’est décidé pour lui à la fin des années 1960, quand son goût de l’expérience créatrice s’est changé en un besoin, toujours plus... [Lire la suite]
Éssai critique et biographique de Céline Gahungu, collection « Planète Libre Essais », CNRS éditions, 288 p., janvier 2019
Qui est Sony Labou Tansi ? Celui que l’on considère aujourd’hui comme l’un des plus grands auteurs africains d’expression française n’est pas né en un jour. Il lui a fallu s’imaginer, se fabriquer, se faire connaître et reconnaître par un Congo en proie aux convulsions de l’Histoire. Tout s’est décidé pour lui à la fin des années 1960, quand son goût de l’expérience créatrice s’est changé en un besoin, toujours plus impérieux, de construire son propre univers, dense et homogène. L’anonyme Marcel Ntsoni invente la figure flamboyante de Sony Labou Tansi, écrivain explosif qui, en marge de l’ordre littéraire, ne craint rien ni personne, dans son projet hyperbolique de fonder une nouvelle littérature. Entre les coups d’État et les fièvres révolutionnaires, le Congo a beau traverser des tempêtes, l’apprenti grand écrivain ne désarme pas. La société devient paroxystique ? À l’écriture d’aller plus loin encore en lui administrant son paroxysme à elle, jusqu’à faire voler en éclats ses normes et ses institutions.
Scénarios existentiels et fictions compensatoires aident le jeune Sony à modeler son œuvre et son identité, mais l’exposent aussi à de multiples contradictions : affirmer publiquement son statut d’écrivain et assouvir sa haine du régime au pouvoir ; s’attaquer à une France taxée de néocolonialisme et tenter d’y diffuser ses écrits ; démolir les figures d’autorité et partir en quête de conseillers, d’intercesseurs et de pères littéraires.
Pour l’essentiel inédits, les premiers écrits donnent l’image d’une création débondée, véritable geyser de lave, de boue et de sang. Dans l’espace privé des manuscrits, tout peut se dire, des folies les plus intimes aux visions les plus impitoyables. Vivre l’écriture comme le seul absolu, au-delà des tabous, telle est l’expérience hors norme sur laquelle Sony Labou Tansi cherche à édifier la destinée qu’il s’est choisi : devenir écrivain, au sens radical du terme, c’est-à-dire démiurge.
Les soleils des indépendances d'Ahmadou Kourouma : une longue genèsepour collection « Planète Libre Essais », CNRS éditions, 260 p., décembre 2017
Les Soleils des indépendances d'Ahmadou Kourouma est l'un des romans
les plus marquants de la littérature africaine d'expression française
du XXe siècle. Célébré par la critique dès sa publication, le roman a
connu un immense succès qui ne s'est jamais démenti, en raison des qualités
formelles de son écriture et de la puissance du récit. Mais c'est aussi une
oeuvre qui fait débat, en raison de la dimension politique de son propos :
le récit dresse un réquisitoire sans concession... [Lire la suite]
pour collection « Planète Libre Essais », CNRS éditions, 260 p., décembre 2017
Les Soleils des indépendances d'Ahmadou Kourouma est l'un des romans
les plus marquants de la littérature africaine d'expression française
du XXe siècle. Célébré par la critique dès sa publication, le roman a
connu un immense succès qui ne s'est jamais démenti, en raison des qualités
formelles de son écriture et de la puissance du récit. Mais c'est aussi une
oeuvre qui fait débat, en raison de la dimension politique de son propos :
le récit dresse un réquisitoire sans concession de la société et de la
gouvernance ivoiriennes dans la période de la post-indépendance.
Kourouma n'est pas un simple chroniqueur. Ses ambitions dépassent
le cadre conjoncturel dans lequel on a pu vouloir l'enfermer. Optant pour
un style résolument hybride et une parole affranchie de toute langue de bois,
il mise sur une nouvelle esthétique romanesque qui rend solidaires culture
et langue, et qui multiplie les innovations au risque de bousculer la tradition
écrite française.
Ses audaces, tant linguistiques que politiques, enchantent beaucoup de
lecteurs mais en dérangent aussi beaucoup d'autres. Voilà pourquoi, en dépit
de ses allures de chef-d'oeuvre, le texte a connu de si graves difficultés avant
de pouvoir paraître. Refusé par les éditeurs français, publié initialement au
Canada mais moyennant des révisions imposées à l'auteur, Les Soleils des
indépendances est une oeuvre qui méritait plus que tout autre d'être relue
à la lumière de son parcours génétique.
C'est ce que nous proposent les contributions rassemblées dans ce
volume : plonger dans l'histoire du texte à la fois pour comprendre la genèse
conflictuelle de l'oeuvre, la nouvelle poétique romanesque qu'elle invente
et la difficile émergence d'un créateur qui compte désormais parmi
les grands écrivains contemporains.
Références (EAC Editions des Archives Contemporaines)
Flaubert : genèse et poétique du mythe sous la direction Pierre-Marc de Biasi, Anne Herschberg Pierrot, et Vinken Barbara, Paris, collection Références, EAC Editions des Archives Contemporaines, 2017.
Écrivain chercheur dont l’œuvre a profondément redéfini les liens entre savoir et création, Flaubert s’est intéressé très tôt aux mythologies antiques, à l’histoire des religions, aux hérésies et et aux formes les plus étranges de la croyance, mais aussi à la place du religieux et de la faculté de croire dans la pensée et l’esthétique de son temps.
Dans le prolongement de Flaubert et le... [Lire la suite]
sous la direction Pierre-Marc de Biasi, Anne Herschberg Pierrot, et Vinken Barbara, Paris, collection Références, EAC Editions des Archives Contemporaines, 2017.
Écrivain chercheur dont l’œuvre a profondément redéfini les liens entre savoir et création, Flaubert s’est intéressé très tôt aux mythologies antiques, à l’histoire des religions, aux hérésies et et aux formes les plus étranges de la croyance, mais aussi à la place du religieux et de la faculté de croire dans la pensée et l’esthétique de son temps.
Dans le prolongement de Flaubert et le pouvoir des mythes, qui a mis au jour l’importance, jusque-là mal connue, des relations de l’écriture flaubertienne à l’intertextualité mythographique, à la question du symbole et aux processus de désymbolisation, le présent volume approfondit la théorie et la poétique du mythe dans l’œuvre de Flaubert et ses dossiers manuscrits.
Qu’en est-il des théories du mythe au XIXe siècle? Comment Flaubert joue-t-il de l’érudition religieuse dans l’invention des personnages et des images de sa fiction ? Comment son écriture met-elle la religion à l’épreuve de la langue, de l’humour, du réel ? Comment fait-elle des mythes, anciens et modernes, la matière d’une constante réélaboration ? Quelles relations, intertextuelles ou intermédiales, Flaubert met-il en œuvre pour renouveler l'écriture de la croyance ?
Expert en mythographie, le texte flaubertien ne se nourrit jamais des mythes comme de simples sources, mais s’emploie, par le montage et la réécriture du vu et du lu, à sonder l’énigme du mythologique pour en faire l’espace même de l’œuvre contemporaine.
Flaubert : Les pouvoirs du mythesous la direction Pierre-Marc de Biasi, Anne Herschberg Pierrot, et Vinken Barbara, Paris, collection Références, EAC Editions des Archives Contemporaines, avril 2015.
écrivain chercheur qui a redéfini les liens entre savoir et création, Flaubert s’est intéressé très tôt à la mythologie ancienne, à l’histoire des religions et aux processus de la croyance, en s’interrogeant tout au long de sa carrière sur la place du religieux et de la faculté de croire dans la pensée et l’esthétique contemporaines. De Madame Bovary à L’éducation sentimentale, de Salammbô... [Lire la suite]
sous la direction Pierre-Marc de Biasi, Anne Herschberg Pierrot, et Vinken Barbara, Paris, collection Références, EAC Editions des Archives Contemporaines, avril 2015.
écrivain chercheur qui a redéfini les liens entre savoir et création, Flaubert s’est intéressé très tôt à la mythologie ancienne, à l’histoire des religions et aux processus de la croyance, en s’interrogeant tout au long de sa carrière sur la place du religieux et de la faculté de croire dans la pensée et l’esthétique contemporaines. De Madame Bovary à L’éducation sentimentale, de Salammbô à La Tentation de saint Antoine, de Trois Contes à Bouvard et Pécuchet, ses œuvres de fiction sont construites sur une relecture approfondie des mythes et des faits religieux dans leur impact sur les mentalités et leur empire sur les esprits. Des années 1840 à 1880, Flaubert s’est trouvé confronté de manière décisive aux résultats scientifiques de la mythographie allemande qui prend au XIXe siècle une place de premier plan dans le renouvellement des connaissances qui secouent les bases religieuses de la société et obligent l’Occident chrétien à repenser la genèse de sa spiritualité. De cette immense réserve de savoirs nouveaux qui ont transformé la culture européenne, Flaubert a été pour la littérature française l’un des principaux passeurs, dans des conditions qui restent jusqu’à présent très mal connues. C’est cette question de transfert et de réécriture que ce livre cherche à élucider.
Il ne s’agit donc pas ici d’une nouvelle enquête sur des sources, mais d’une étude de l’intertextualité flaubertienne et des transformations dans les dossiers de genèse et les textes. Qu’en est-il des rapports de Flaubert à la nouvelle philologie allemande qui analyse les mythes et les symboles ? Comment l’écriture flaubertienne représente-t-elle l’histoire des mythes et des religions, la fascination des croyances, les conditions de leur émergence et les logiques de leur déclin ? Comment l’usage littéraire du légendaire religieux se combine-t-il chez Flaubert avec une esthétique de la problématisation pour échapper à toute interprétation conclusive ?
Correspondance et genèse
Sous la direction de Françoise Leriche et Alain Pagès, collection Références, éditions des Archives Contemporaines, EAC, 2012, 239 p.
Biblis (CNRS éditions)
Voyages en Tunisie. Chateaubriand, Dumas, Flaubert, MaupassantSous la direction de Pierre-Marc de Biasi, textes présentés et annotés par Pierre-Marc De Biasi, collection « Biblis », CNRS éditions, 488 p., juillet 2020.
Découvrir un pays revient toujours à mettre ses pas dans les traces de ceux qui nous y ont précédés. Quand il s’agit d’écrivains ou d’artistes, ces traces sont des mots et des images que le voyage fait confusément ressurgir dans notre mémoire pour nous aider à vivre plus intensément le présent.... [Lire la suite]
Sous la direction de Pierre-Marc de Biasi, textes présentés et annotés par Pierre-Marc De Biasi, collection « Biblis », CNRS éditions, 488 p., juillet 2020.
Découvrir un pays revient toujours à mettre ses pas dans les traces de ceux qui nous y ont précédés. Quand il s’agit d’écrivains ou d’artistes, ces traces sont des mots et des images que le voyage fait confusément ressurgir dans notre mémoire pour nous aider à vivre plus intensément le présent. C’est le défi de ce livre : partir en Tunisie en compagnie de grands écrivains français qui l’ont traversée à quatre moments du XIXe siècle : Chateaubriand en 1807, Dumas juste avant la révolution de 1848, Flaubert pour écrire Salammbô en 1858 et Maupassant, vers la fin du siècle. Leurs récits sont très contrastés : promenade érudite, journal de voyage picaresque, carnet de repérage littéraire, reportage de presse. Une diversité de points de vue qui témoigne d’intentions et de sensibilités différentes, mais qui enregistre aussi les étapes d’une irréversible métamorphose sous l’effet de l’Histoire. Avec une formidable leçon politique : c’est le regard anticolonial de Flaubert et de Maupassant qui nous donne l’image la plus authentique de l’identité tunisienne, de ce qu’elle persiste à être en dépit de l’occupation française.
Albert Memmi. Journal de guerre. 1939-1943Édité et annoté par Guy Dugas, collection « Biblis », CNRS éditions, 304 p., février 2019.
Proclamation du statut des Juifs en 1940, occupation italoallemande en 1942 et 1943, théâtre de l’affrontement entre les forces de l’Axe et celles des Alliés : la Tunisie a été mêlée de près aux convulsions de la Seconde Guerre mondiale. Le Journal de guerre d’Albert Memmi nous parle, au jour le jour, de ces événements, commentant le conflit, la défaite... [Lire la suite]
Édité et annoté par Guy Dugas, collection « Biblis », CNRS éditions, 304 p., février 2019.
Proclamation du statut des Juifs en 1940, occupation italoallemande en 1942 et 1943, théâtre de l’affrontement entre les forces de l’Axe et celles des Alliés : la Tunisie a été mêlée de près aux convulsions de la Seconde Guerre mondiale. Le Journal de guerre d’Albert Memmi nous parle, au jour le jour, de ces événements, commentant le conflit, la défaite française, les lois antisémites de Vichy, la société coloniale contemporaine et la montée des discriminations en Tunisie. « Apprenti-philosophe » âgé d’à peine vingt ans et farouchement pacifiste, l’auteur se trouve d’abord affecté dans un bureau de recrutement de la main-d’oeuvre juive, puis s’engage volontairement dans un camp de travail forcé, pour vivre au contact « des souffrances physiques et des détresses morales » infligées à sa communauté. Né d’une rude épreuve personnelle, le Journal d’un travailleur forcé constitue un témoignage rare sur les camps de travail sous tutelle italienne ou allemande, mais c’est aussi un texte littéraire dans lequel bien des engagements de l’oeuvre future d’Albert Memmi trouvent leur origine. Pour ce jeune auteur, c’est dans cette écriture expérimentale du réel, à la première personne et sans compromis, que s’est jouée l’expérience fondatrice : celle de sa future vocation d’écrivain.