Génétique (CNRS éditions)
Histoire de l’abbaye de Fontevraud. Notre-Dame-des-pleurs 1101-1793Michel Melot, Collection Génétique, CNRS Éditions, 2022, 626 p.
L’abbaye de Fontevraud est exceptionnelle à plusieurs titres. Fondée par un homme, elle a accueilli essentiellement des femmes. Réunissant au départ moines et moniales de toutes conditions, aristocrates et misérables, elle a mis en péril l’ordre social. Plus grande cité monastique d’Europe au XVIIIe, elle a été transformée en prison après la Révolution. Comment expliquer le destin si singulier de... [Lire la suite]
Michel Melot, Collection Génétique, CNRS Éditions, 2022, 626 p.
L’abbaye de Fontevraud est exceptionnelle à plusieurs titres. Fondée par un homme, elle a accueilli essentiellement des femmes. Réunissant au départ moines et moniales de toutes conditions, aristocrates et misérables, elle a mis en péril l’ordre social. Plus grande cité monastique d’Europe au XVIIIe, elle a été transformée en prison après la Révolution. Comment expliquer le destin si singulier de ce lieu, inscrit aujourd’hui au Patrimoine mondial de l’Unesco ? En 1101, quand Robert d’Arbrissel, seul roturier parmi les fondateurs d’Ordres au XIIe siècle, décide de créer Fontevraud, il y organise une vie de pauvreté, de pénitence et de prière, et demande aux femmes de le gouverner. C’est donc à une abbesse, et non à un abbé, que l’on doit la règle du monastère et le contrôle du recrutement des frères. Fontevraud devient une abbaye puissante, en raison de son rapport avec Aliénor d’Aquitaine, reine de France puis d’Angleterre, son mari Henri II Plantagenêt et son fils Richard Cœur de Lion. Tous trois y reposent, dans leurs majestueux gisants. Gardant la cicatrice de la guerre de Cent Ans, elle suivit ensuite l’ascension des Bourbons. Ce livre raconte, sur près de huit siècles, l’histoire de ce monde sans extérieur dont l’organisation figure le temps qui s’y écoule heure après heure, jour après jour, mais aussi de ces hommes et ces femmes qui l’occupent et le font vivre.
Flaubert et le moment théorique (1960-1980)Sous la direction de Pierre-Marc de Biasi et Anne Herschberg Pierrot, CNRS éditions, octobre 2021, 296 p.
Et si Flaubert, dont on fête en 2021 le bicentenaire, n’était né, en réalité, qu’il y a une cinquantaine d’années ?
Entre 1960 et 1980, la France traverse une période d’intense effervescence intellectuelle : ce que l’on appellera le moment théorique. Les sciences de l’homme sont mises à contribution pour repenser la littérature... [Lire la suite]
Sous la direction de Pierre-Marc de Biasi et Anne Herschberg Pierrot, CNRS éditions, octobre 2021, 296 p.
Et si Flaubert, dont on fête en 2021 le bicentenaire, n’était né, en réalité, qu’il y a une cinquantaine d’années ?
Entre 1960 et 1980, la France traverse une période d’intense effervescence intellectuelle : ce que l’on appellera le moment théorique. Les sciences de l’homme sont mises à contribution pour repenser la littérature selon les normes d’une axiologie formelle – le structuralisme – où prévalent les exigences de systématicité et de radicalité.
C’est dans ce contexte que Flaubert acquiert une notoriété de premier plan. En moins d’une décennie, il s’impose comme une référence dominante pour la nouvelle critique, l’Université et les jeunes romanciers qui découvrent sa flamboyante Correspondance à travers une anthologie, centrée sur sa poétique : Préface à la vie de l’écrivain de Geneviève Bollème, où il apparaît comme un véritable précurseur du roman contemporain et de l’esthétique conceptuelle.
De Roland Barthes à Michel Foucault, de Jean-Paul Sartre à Pierre Bourdieu ou à Jacques Rancière, de Michel Butor, Nathalie Sarraute et Alain Robbe-Grillet à Pierre Bergounioux ou Pierre Michon, de Jean-Pierre Richard à Gérard Genette, c’est toute une génération qui reconnaît en Flaubert la figure souveraine de l’écrivain, au sens absolu du terme, à la fois prophète du minimalisme, théoricien du style et du travail sur la prose, penseur du processus créatif et inventeur du roman moderne.
Sans chercher à être exhaustif, cet ouvrage suit l’ordre alphabétique pour explorer, à travers quelques grands acteurs du moment théorique, ce fascinant processus de réception créatrice dont nous continuons tous aujourd’hui à être les héritiers.
Lieux communs. L’art du clichéSous la direction de Itzhak Goldberg, assistée par Marie-Laure Delaporte, CNRS éditions, coll. Génétique, mai 2019, 224 p.
Mal aimé et mal compris, le « lieu commun » constitue pourtant le ciment discursif indispensable à l’existence d’un lien social : il enregistre ce qui permet le partage. Sartre disait à ce sujet : « ce beau mot désigne sans doute les pensées les plus rebattues, mais c’est qu’elles sont devenues le lieu de rencontre de la communauté. Chacun s’y retrouve, y retrouve l’autre ». Les lieux communs ne sont pas l’expression d’un universel... [Lire la suite]
Sous la direction de Itzhak Goldberg, assistée par Marie-Laure Delaporte, CNRS éditions, coll. Génétique, mai 2019, 224 p.
Mal aimé et mal compris, le « lieu commun » constitue pourtant le ciment discursif indispensable à l’existence d’un lien social : il enregistre ce qui permet le partage. Sartre disait à ce sujet : « ce beau mot désigne sans doute les pensées les plus rebattues, mais c’est qu’elles sont devenues le lieu de rencontre de la communauté. Chacun s’y retrouve, y retrouve l’autre ». Les lieux communs ne sont pas l’expression d’un universel anhistorique, mais formulent au contraire des images et des constructions mentales qui prennent leur source dans un contexte donné : elles sont forgées par et pour une société déterminée qui parle d’elle-même et de son temps.
Dans son acception courante, le terme a pris un sens péjoratif : celui de la banalité, du cliché et du stéréotype. Pour la création artistique qui vit, depuis l’époque romantique, sous le régime de la singularité, le lieu commun a longtemps été ressenti comme disqualifiant. Donne-t-il pour autant naissance à des représentations nécessairement préconçues et figées ? À partir des années 1960, un double renversement relance le débat : les artistes se révoltent contre la dictature de l’originalité et le concept se trouve replacé, par l’idéologie de l’avant-garde, au centre névralgique de la création. Alors que les lieux communs s’affichaient autrefois comme les idées reçues que l’art avait mission de révoquer en doute, ils s’affirment aujourd’hui, en tant que tels, comme le matériau crucial du geste créateur.
Préface de Pascal Ory
Le mythe de l'art antique Sous la direction de Emmanuelle Hénin et Valérie Naas, CNRS éditions, coll. Génétique, avril 2018, 450 p.
De la peinture antique, qui fut certainement d'une grande richesse, nous ne conservons que de rares traces matérielles. Mais ces chefs-d'œuvre disparus ont subsisté à travers des textes qui les décrivent et nous racontent, à leur propos, des anecdotes, mythes et récits que la tradition a fini par transformer en lieux communs
De la peinture antique, qui fut certainement d'une grande richesse, nous ne conservons que de rares traces matérielles. Mais ces... [Lire la suite]
Sous la direction de Emmanuelle Hénin et Valérie Naas, CNRS éditions, coll. Génétique, avril 2018, 450 p.
De la peinture antique, qui fut certainement d'une grande richesse, nous ne conservons que de rares traces matérielles. Mais ces chefs-d'œuvre disparus ont subsisté à travers des textes qui les décrivent et nous racontent, à leur propos, des anecdotes, mythes et récits que la tradition a fini par transformer en lieux communs
De la peinture antique, qui fut certainement d'une grande richesse, nous ne conservons que de rares traces matérielles. Mais ces chefs-d'œuvre disparus ont subsisté à travers des textes qui les décrivent et nous racontent, à leur propos, des anecdotes, mythes et récits que la tradition a fini par transformer en lieux communs : l'artiste tombant amoureux de son modèle, le jeune homme préférant la statue à la femme de chair, le peintre se livrant à la torture pour mieux représenter la douleur, des raisins si parfaitement imités que les oiseaux viennent les picorer.
C'est par la médiation de ces discours et de ces narrations que l'art antique a irrigué tout l'art occidental, dans sa pratique comme dans sa conception. Sans cesse repensés et reformulés, ces récits fondateurs ont offert à chaque auteur l'occasion d'exprimer sa vision singulière et se sont finalement traduits par autant d'interprétations originales.
Quelle a pu être l'influence de ces lieux communs sur les théories artistiques de l'âge moderne et contemporain ? Ont-ils contribué à alimenter, enrichir et populariser les discours théoriques, ou au contraire à les mettre en défaut, à les entraver ou à s'y substituer ? Par quelles médiations – rhétorique, philosophique, académique – cet ascendant des lieux communs s'est-il exercé ? Quel rôle ont-ils joué dans la pratique des artistes, notamment dans le choix et le traitement des sujets ? Par quel processus artistique s'accomplit la transposition fictionnelle du lieu commun ? Par quels indices peut-on identifier sa présence subliminale dans une œuvre ? Voilà l'enquête à laquelle nous convie cet ouvrage qui revisite magistralement l'histoire de l'art à la lumière de ses origines narratives.
L'oeuvre comme processusSous la direction de Pierre-Marc De Biasi et Anne Herschberg Pierrot, CNRS éditions, collection Génétique, 606 P., 2017
Actes du congrès mondial de critique génétique Cerisy La Salle, 2-9 septembre 2010
Discipline jeune, née du « moment théorique » des années 1970, la génétique constitue l’une des principales innovations des trente dernières années dans les méthodes d’approche de la littérature et de la création. Après avoir défi ni sa démarche et ses outils d’analyse dans le champ des études littéraires, la critique génétique élargit son... [Lire la suite]
Sous la direction de Pierre-Marc De Biasi et Anne Herschberg Pierrot, CNRS éditions, collection Génétique, 606 P., 2017
Actes du congrès mondial de critique génétique Cerisy La Salle, 2-9 septembre 2010
Discipline jeune, née du « moment théorique » des années 1970, la génétique constitue l’une des principales innovations des trente dernières années dans les méthodes d’approche de la littérature et de la création. Après avoir défi ni sa démarche et ses outils d’analyse dans le champ des études littéraires, la critique génétique élargit son horizon à de nouveaux domaines, textuels ou non, relevant notamment de l’histoire de l’art et de l’histoire des sciences.
Dans le prolongement des deux précédents congrès de critique génétique, les Actes de cette rencontre (Cerisy, 2010) qui a réuni une soixantaine de chercheurs et une douzaine de nationalités, offrent une image complète et détaillée des avancées de la discipline et de ses enjeux majeurs : théorie et terminologie de la génétique, relations aux méthodes critiques et à l’esthétique, grands corpus et nouveaux champs d’investigation (littératures francophones, peinture, photographie, architecture, cognition, informatique), édition en ligne des manuscrits, liens entre conservation et recherche, archive numérique, diffusion de la discipline dans le monde, recherches doctorales en cours.
Un « état de l’art » indispensable pour découvrir les avancées et les potentialités surprenantes de cette approche scientifique qui renouvelle notre connaissance de l’œuvre à partir de ses archives de travail et de ses processus de création.
La collection Gaignières. Un inventaire du royaume au XVIIe siècleAnne Ritz-Guilbert, Paris, Collection Génétique, CNRS Éditions, 2016, 384 p.
Pendant presqu’un demi-siècle, « l’antiquaire » François-Roger de Gaignières (1642-1715), accompagné d’un copiste-paléographe et d’un dessinateur, a parcouru la France en se donnant pour mission d’enregistrer toutes les traces laissées par l’histoire de la noblesse et de la monarchie françaises. Copiant et relevant des centaines de milliers d’actes, de titres, d’édifices et de monuments pour beaucoup aujourd’hui disparus, Gaignières et son équipe ont rassemblé une... [Lire la suite]
Anne Ritz-Guilbert, Paris, Collection Génétique, CNRS Éditions, 2016, 384 p.
Pendant presqu’un demi-siècle, « l’antiquaire » François-Roger de Gaignières (1642-1715), accompagné d’un copiste-paléographe et d’un dessinateur, a parcouru la France en se donnant pour mission d’enregistrer toutes les traces laissées par l’histoire de la noblesse et de la monarchie françaises. Copiant et relevant des centaines de milliers d’actes, de titres, d’édifices et de monuments pour beaucoup aujourd’hui disparus, Gaignières et son équipe ont rassemblé une collection documentaire exceptionnelle et sans précédent : un « musée de papier », à ce jour inédit, qui offre un témoignage éblouissant des richesses patrimoniales de la France médiévale et moderne.
Anne Ritz-Guilbert nous fait pénétrer au cœur de cette collection aujourd’hui dispersée en nous donnant à comprendre dans sa totalité l’architecture classificatoire de cet « inventaire du royaume » par lequel Gaignières inaugure une véritable pensée du patrimoine. En reconstituant le contexte intellectuel et matériel de cette formidable accumulation de dessins et de relevés, elle révèle également le rôle considérable et mal connu de la collection Gaignières dans la construction des savoirs historiques et des représentations imaginaires à travers lesquels les XIXe et XXe siècles ont forgé notre conception du Moyen Âge.
Critique & médiumIvanne RIALLAND, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2016, 366 p.
Article de presse, livre, dictionnaire, entretien, chronique, émission télévisée ou radiophonique, site web, blog… la critique d’art se déploie à travers des supports dont la diversité et les impacts spécifiques se trouvent souvent négligés au profit d’analyses centrées sur le jugement esthétique des auteurs et les valeurs qu’ils défendent. Mais les significations peuvent-elles être indépendantes du canal matériel et du processus éditorial par lequel elles s’expriment ? Qu’il... [Lire la suite]
Ivanne RIALLAND, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2016, 366 p.
Article de presse, livre, dictionnaire, entretien, chronique, émission télévisée ou radiophonique, site web, blog… la critique d’art se déploie à travers des supports dont la diversité et les impacts spécifiques se trouvent souvent négligés au profit d’analyses centrées sur le jugement esthétique des auteurs et les valeurs qu’ils défendent. Mais les significations peuvent-elles être indépendantes du canal matériel et du processus éditorial par lequel elles s’expriment ? Qu’il s’y adapte ou qu’il les déjoue, le discours critique fait siennes les contraintes d’un médium qui structure en profondeur les composantes de son message. Non seulement le médium prescrit le format (texte, image, parole), la longueur (ou la durée) et la tonalité des énoncés, mais il agit aussi, par ses moyens propres, sur l’évaluation même de l’œuvre et les modalités du jugement de goût, non sans tension, parfois, avec le discours critique lui-même.
Conjuguant histoire du livre, analyse littéraire, sciences de l’information et de la communication, sociocritique, génétique et médiologie, cet ouvrage cherche à élucider ce que le discours critique sur les arts doit aux différents systèmes matériels sur lesquels il s’articule et aux intentionnalités multiples dont il est porteur. Cette étude propose des cadrages théoriques et méthodologiques de la question ainsi que de nombreuses études de cas mettant en évidence les riches et complexes interactions qui se jouent entre discours critique et médium.
Hébreu, du sacré au maternelKeren Mock, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2016, 360 p.
Quels matériaux sont nécessaires à la création d’une nouvelle langue maternelle et quel processus aboutit à son adoption par ses locuteurs_? L’hébreu, langue aujourd’hui quotidienne dont le fondement est spirituel, culturel et religieux, nous éclaire sur la genèse d’une nouvelle langue maternelle. Mais pour comprendre cette résurgence, il fallait rassembler et interpréter ses archives.
Procédant à une fouille archéologique qui nous conduit du présent aux strates les plus anciennes,... [Lire la suite]
Keren Mock, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2016, 360 p.
Quels matériaux sont nécessaires à la création d’une nouvelle langue maternelle et quel processus aboutit à son adoption par ses locuteurs_? L’hébreu, langue aujourd’hui quotidienne dont le fondement est spirituel, culturel et religieux, nous éclaire sur la genèse d’une nouvelle langue maternelle. Mais pour comprendre cette résurgence, il fallait rassembler et interpréter ses archives.
Procédant à une fouille archéologique qui nous conduit du présent aux strates les plus anciennes, l’auteure dialogue avec deux des plus grands écrivains israéliens, Aharon Appelfeld et Sami Michael, pénètre dans «_la fabrique_» lexicographique d’Eliezer Ben-Yehuda, et revient sur les fondements philosophiques de l’hébreu profane par une lecture inédite de l’Abrégé de grammaire hébraïque de Baruch Spinoza.
Gauguin & Signac : La genèse du titre contemporain sous la direction de Pierre-Marc de Biasi, Marianne Jakobi, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2015, 304 p.
Quoi de commun entre Paul Gauguin (1848-1903) et Paul Signac (1863-1935) ? Le premier, révolté, rompt avec l’académisme et s’exile au bout du monde à la recherche d’un Eden multicolore. Le second, proche des anarchistes, mais vite consacré comme peintre officiel du néo-impressionnisme, peint sans relâche bords de Seine et ports de pêche. Quelque chose d’essentiel, pourtant, les rapproche : leur relation au « titre », considéré jusque-là comme... [Lire la suite]
sous la direction de Pierre-Marc de Biasi, Marianne Jakobi, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2015, 304 p.
Quoi de commun entre Paul Gauguin (1848-1903) et Paul Signac (1863-1935) ? Le premier, révolté, rompt avec l’académisme et s’exile au bout du monde à la recherche d’un Eden multicolore. Le second, proche des anarchistes, mais vite consacré comme peintre officiel du néo-impressionnisme, peint sans relâche bords de Seine et ports de pêche. Quelque chose d’essentiel, pourtant, les rapproche : leur relation au « titre », considéré jusque-là comme un détail insignifiant, et auquel l’un et l’autre assignent, chacun à sa manière, un statut de décision artistique qui en fait, pour la première fois une composante majeure de l’oeuvre.
Gauguin l’exilé transforme le titre en une énigme sauvage. Il le projette dans l’espace même de la toile et le formule dans la langue de l’autre, en tahitien : l’illisible interroge le visible, le primitif bouscule la modernité, l’art change d’échelle et devient planétaire. Quant à Signac, il emprunte à la musique le principe d’une intitulation par « Opus » qui confère au titre l’abstraction, riche d’avenir, de la « série » : passant de la tradition narrative à la simple numérotation, il parodie le monde industriel pour mieux identifier l’autonomie artistique.
L’histoire de l’art n’a pas suffisamment mesuré en quoi ces deux démarches projettent sur les dernières décennies du xixe siècle le principe d’une mutation radicale dans les rapports entre l’artiste, le monde et son oeuvre. Il s’agit de gestes fondateurs qui sont à la source du titre contemporain. C’est de ce lien secret entre les mots et la peinture qu’il est question ici : une approche génétique
Léon-Gontran Damas Cent ans en noir et blanc sous la direction de Pierre-Marc de Biasi, Antonella EMINA, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2014, 340 p.
Cofondateur du mouvement de la négritude avec Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor dans les années 1940, Léon-Gontran Damas (1912-1978) est une figure guyanaise charnière, encore méconnue. Poète, homme politique, professeur d’université en Amérique, son oeuvre témoigne d’un engagement contre le racisme et les diverses formes de ségrégation tout en proposant d’audacieuses expériences de langage. Plus que Césaire ou Senghor, il s’est... [Lire la suite]
sous la direction de Pierre-Marc de Biasi, Antonella EMINA, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2014, 340 p.
Cofondateur du mouvement de la négritude avec Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor dans les années 1940, Léon-Gontran Damas (1912-1978) est une figure guyanaise charnière, encore méconnue. Poète, homme politique, professeur d’université en Amérique, son oeuvre témoigne d’un engagement contre le racisme et les diverses formes de ségrégation tout en proposant d’audacieuses expériences de langage. Plus que Césaire ou Senghor, il s’est intéressé très tôt au problème racial aux États-Unis et se liera d’amitié avec les chefs de file de la révolte afro-américaine dont Richard Wright. Il est l’un des premiers à considérer le racisme à une échelle planétaire.
Les témoignages de Maryse Condé et de Daniel Maximin, les études sur ses poèmes dont le célèbre « Hoquet », son usage des langues entre le français et le créole, sa forme d’engagement rendent enfin honneur à cet auteur et présentent sous toutes ses facettes une oeuvre riche, proche de l’esprit d’un Frantz Fanon. Un retour sur l’histoire des littératures francophones et la découverte d’un auteur auquel les études postcoloniales donnent un relief particulier.
InstallationsItzhak GOLDBERG, collection Génétique, CNRS éditions, 320 p., janvier 2014
Permanentes ou éphémères, sonores ou visuelles, souvent interactives, les installations stimulent la création artistique depuis plus d’un demi-siècle. Elles continuent pourtant à poser problème au public. Qu’est-ce qu’une installation ? La question n’est pas simple. Cette pratique n’est pas un genre en soi, mais elle tire sa force de la réunion, des hybridations et de la juxtaposition de différents horizons et modifie, parfois avec violence, nos habitudes visuelles.
Parce... [Lire la suite]
Itzhak GOLDBERG, collection Génétique, CNRS éditions, 320 p., janvier 2014
Permanentes ou éphémères, sonores ou visuelles, souvent interactives, les installations stimulent la création artistique depuis plus d’un demi-siècle. Elles continuent pourtant à poser problème au public. Qu’est-ce qu’une installation ? La question n’est pas simple. Cette pratique n’est pas un genre en soi, mais elle tire sa force de la réunion, des hybridations et de la juxtaposition de différents horizons et modifie, parfois avec violence, nos habitudes visuelles.
Parce qu’elles refusent toute séparation définitive entre le cadre muséal et la vie quotidienne, qu’elles abolissent les frontières entre l’oeuvre et l’espace qui l’environne, ces mises en scène ne se réduisent pas au face-à-face traditionnel de l’oeuvre d’art avec le regardeur, mais visent à produire une expérience sensorielle liée aux déplacements du spectateur.
Englobé dans une oeuvre qui s’étend dans l’espace, le spectateur se mue en explorateur et se déplace sur un terrain plein de surprises. En dernière instance, la confrontation avec les installations est avant tout une rencontre perturbatrice.
Itzhak Goldberg retrace la naissance et l’histoire de cette forme artistique, de son expansion et de l’attention qu’elle porte aux problèmes de société, devenant un véritable sismographe de la modernité.
La fabrique du titre. Nommer les oeuvres d'artsous la direction de Pierre-Marc de Biasi, Marianne Jakobi et Ségolène Le Men, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2012, 458 p.
On dit l’« Olympia » de Manet, « La Joconde » de Vinci, ou « Guernica » de Picasso, comme si le lien entre le tableau et son titre allait de soi. Pourtant, identifier l’œuvre d’art par un titre est une pratique récente.
Mais est-ce toujours l’artiste qui nomme sa création ? Par quel processus et à quel moment prend forme l’acte d’intituler une œuvre ? Quel rôle le titre joue-t-il dans sa création et dans sa... [Lire la suite]
sous la direction de Pierre-Marc de Biasi, Marianne Jakobi et Ségolène Le Men, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2012, 458 p.
On dit l’« Olympia » de Manet, « La Joconde » de Vinci, ou « Guernica » de Picasso, comme si le lien entre le tableau et son titre allait de soi. Pourtant, identifier l’œuvre d’art par un titre est une pratique récente.
Mais est-ce toujours l’artiste qui nomme sa création ? Par quel processus et à quel moment prend forme l’acte d’intituler une œuvre ? Quel rôle le titre joue-t-il dans sa création et dans sa réception ? La Fabrique du titre répond pour la première fois à ces questions en portant l’enquête dans les coulisses de la création, du XVIIe siècle à nos jours : intitulés personnels des artistes, titres d’ateliers, intitulations de Salon, musée ou galerie, qualifications de circonstance, dénominations fictives, jusqu’au cas paradoxal des « sans-titre ».
Réunissant les meilleurs spécialistes de Courbet, Manet, Gauguin, Rodin, Miró, Masson, Alechinsky, Twombly, Bourgeois et Pane, le livre aborde une multiplicité de genres allant de la peinture aux arts graphiques, de la sculpture à la photographie, de l’action aux performances.
Un champ de recherche inédit, fertile en découvertes surprenantes, pour comprendre la genèse de ce geste inaugural : donner à l’œuvre le nom qui la représentera.
Le voyage de Nietzsche à SorrentePaolo D’Iorio, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2012
Automne 1876 : Nietzsche, jeune professeur de philologie à Bâle, brillant élève de Ritschl, part pour Sorrente, invité par son amie Malwida von Meysenbug. C’est son premier voyage dans le Sud : une découverte qui va changer sa vie et le cours de sa philosophie. C’en est fini des tentatives de renouveler la culture allemande au nom de la cause wagnérienne ; l’auteur de La Naissance de la tragédie (1872) commence sa mue.
Paolo D’Iorio dresse la carte de cette métamorphose : lectures et... [Lire la suite]
Paolo D’Iorio, Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2012
Automne 1876 : Nietzsche, jeune professeur de philologie à Bâle, brillant élève de Ritschl, part pour Sorrente, invité par son amie Malwida von Meysenbug. C’est son premier voyage dans le Sud : une découverte qui va changer sa vie et le cours de sa philosophie. C’en est fini des tentatives de renouveler la culture allemande au nom de la cause wagnérienne ; l’auteur de La Naissance de la tragédie (1872) commence sa mue.
Paolo D’Iorio dresse la carte de cette métamorphose : lectures et discussions, promenades, explorations des environs avec son ami Paul Rée et l’étudiant Albert Brenner ; il fait revivre cette sociabilité joyeuse et confiante qui fertilise l’élan créateur de Nietzsche. C’est à Sorrente que Nietzsche entreprend la rédaction de Choses humaines, trop humaines, dédié à Voltaire. Cette œuvre, la première sous forme d’aphorismes, inaugure sa philosophie de la maturité. La rupture avec Wagner qu’il verra alors pour la dernière fois, est intellectuellement consommée bien qu’encore cachée.
À la suite de ce voyage, Nietzsche abandonnera sa chaire bâloise et entamera une existence de philosophe sous le signe du Midi entre la Suisse, la France et l’Italie.
Cioran malgré lui. Écrire à l'encontre de soi Nicolas CAVAILLÈS , Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2011, 400 p.
Cioran restitué dans tous ses paradoxes. Cioran qui, confronté au scandale d’une existence radicalement absurde, trouve un sursis dans l’alliage inédit des imprécations et de l’élégance. C’est en s’attachant à l’analyse de sa première oeuvre écrite en français, Précis de Décomposition (1949), que Nicolas Cavaillès dévoile toute la singularité du penseur.
Livre de la découverte enthousiaste et conquérante d’une nouvelle grammaire, livre-défouloir, ultimatum à la... [Lire la suite]
Nicolas CAVAILLÈS , Paris, collection Génétique, CNRS Éditions, 2011, 400 p.
Cioran restitué dans tous ses paradoxes. Cioran qui, confronté au scandale d’une existence radicalement absurde, trouve un sursis dans l’alliage inédit des imprécations et de l’élégance. C’est en s’attachant à l’analyse de sa première oeuvre écrite en français, Précis de Décomposition (1949), que Nicolas Cavaillès dévoile toute la singularité du penseur.
Livre de la découverte enthousiaste et conquérante d’une nouvelle grammaire, livre-défouloir, ultimatum à la vie et « thérapeutique par le feu » : Précis de Décomposition marque un point de non-retour dans la lutte de l’auteur contre l’existence, et surtout contre lui-même. Suicidaire, décomposé, corrompu, esthète, enragé, joueur, Cioran y démultiplie les je que la vie commande chaque jour de ravaler sous un seul et unique visage. Souriant sans se trahir, pleurant sans se ridiculiser, se distordant sans sombrer dans la monstruosité. Nulle part mieux que dans les manuscrits du Précis on ne saisira l’impressionnante intensité de cette écriture.