Le cercle des médiologues
Diffusées entre septembre 2001 et juillet 2002, une série de 10 émissions de 80 minutes sur les relations entre culture et techniques Production : Pierre-Marc de Biasi et Régis Debray Présentation : Pierre-Marc de Biasi Publication de référence Cahiers de médiologie - Gallimard Réalisation : Brigitte Rihouay Textes lus par Estelle Vincent
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Projet : Interroger l'histoire et l'actualité (culturelle, politique, militaire, scientifique, médiatique, etc.) d'un point de vue médiologique. À chaque émission, un thème fondamental, un événement et/ou un objet marquant du moment (innovation technologique, phénomène culturel, film, publication, etc.) est analysé avec les perspectives d'investigation et les outils d'évaluation propres à la discipline (interactions culture/techniques, problématique communication-transmission, savoirs-croyances, support-message-médium, matière organisée-organisation matérielle, logosphère, graphosphère, vidéosphère, numérosphère, etc.). Le ton sera vif, le rythme rapide, les matériaux sonores diversifiés, les situations d'énonciation contrastées. Un (ou deux) thème(s) par émission avec une exigence d'homogénéité dans les contenus et une diversité de moyens d'approche : plateau de débats, documents d'archives commentés, reportages réalisés sur mesure, etc. Le principe est de privilégier les occasions de lecture décapante, les exemples concrets, les surprises : une autre façon de lire le présent (le passé et le futur aussi), une manière de reformuler les questions du côté des réciprocités entre techniques, pensée et société.
Lexique de l'actuel (format court)
Production : Pierre-Marc de Biasi Réalisation : Brigitte Rihouay
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Dominé par les rythmes courts de la communication, notre devenir planétaire s'asphyxie de plus en plus avec son propre présent, multiplie les points de vue, mais semble de moins en moins apte à vérifier ses sources. Dans un tel contexte les concepts à l'emporte-pièce naissent vite, mais vieillissent et meurent tout aussi précocement. D'autres, pas plus enviables, ont la vie dure. L'émission "lexique de l'actuel" se veut une enquête sur l'esprit et la lettre de notre temps : quels sont les mots qui agissent sur les croyances, les formules qui frappent, et à quel prix? Polysémie, stéréotypes, slogans, analogies, glissements de pensée, mauvaise foi, formules alibi, mots-rumeurs, mots fétiches, mots tabous : aucune expression n'est tout à fait inoffensive, et derrière une formule, une idée peut en cacher une autre. Dans la logique d'une langue prise au piège du marketing de la pensée, comment ne pas se payer de mots? Clonage, consensus, émotionnel, flux, gouvernance, service public, traçabilité,… tous ces mots, que l'on utilise sans trop y réfléchir, que veulent-ils dire? À notre insu, ils fabriquent l'actuel, mais au passage certains font aussi des trous dans la tête. Ces mots qui parlent à notre place, examinons-les à la loupe : étymologie, genèse, usages actuels, arrières pensées et sous-entendus idéologiques, effets pratiques. Simple "principe de précaution" : par consentement tacite à telle formule, ou en prononçant telle expression, voici en réalité ce que nous nous engageons à penser, à dire et à faire croire. Chemin faisant, ce qui finira par s'esquisser, c'est l'inventaire de quelques-uns des clichés qui nous tiennent lieu de pensée : à la manière de Flaubert, une sorte de dictionnaire des idées reçues de notre temps.
Lexique de l'actuel (format long)
Production : Pierre-Marc de Biasi Réalisation : Brigitte Rihouay
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Dominé par les rythmes courts de la communication, notre devenir planétaire s'asphyxie de plus en plus avec son propre présent, multiplie les points de vue, mais semble de moins en moins apte à vérifier ses sources. Dans un tel contexte les concepts à l'emporte-pièce naissent vite, mais vieillissent et meurent tout aussi précocement. D'autres, pas plus enviables, ont la vie dure. L'émission "lexique de l'actuel" se veut une enquête sur l'esprit et la lettre de notre temps : quels sont les mots qui agissent sur les croyances, les formules qui frappent, et à quel prix? Polysémie, stéréotypes, slogans, analogies, glissements de pensée, mauvaise foi, formules alibi, mots-rumeurs, mots fétiches, mots tabous : aucune expression n'est tout à fait inoffensive, et derrière une formule, une idée peut en cacher une autre. Dans la logique d'une langue prise au piège du marketing de la pensée, comment ne pas se payer de mots?
Clonage, consensus, émotionnel, flux, gouvernance, service public, traçabilité,… tous ces mots, que l'on utilise sans trop y réfléchir, que veulent-ils dire? À notre insu, ils fabriquent l'actuel, mais au passage certains font aussi des trous dans la tête. Ces mots qui parlent à notre place, examinons-les à la loupe : étymologie, genèse, usages actuels, arrières pensées et sous-entendus idéologiques, effets pratiques. Simple "principe de précaution" : par consentement tacite à telle formule, ou en prononçant telle expression, voici en réalité ce que nous nous engageons à penser, à dire et à faire croire. Chemin faisant, ce qui finira par s'esquisser, c'est l'inventaire de quelques-uns des clichés qui nous tiennent lieu de pensée : à la manière de Flaubert, une sorte de dictionnaire des idées reçues de notre temps.
Radio libre
"Flaubert : le dada de l'écriture", dans la série "Radio libre" de France Culture, juillet 2001, émission de 4h. avec Pierre Michon, Florence Delay, Jean Echenoz, Pierre Dumayet, de nombreuses archives : Alain Robbe-Grillet, Jean -Paul Sartre, Paul Valery, etc… Pilotage et co-réalisation de 15 émissions sur Gustave Flaubert. Émission rediffusée en décembre 2003.
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L'homme plume. Il se définissait ainsi. Son corps pour écrire. Son sang pour ses mots. Son sperme comme effusion de sens. Toute son énergie donc pour devenir écrivain. L'est-il devenu? De son vivant pas vraiment reconnu pour ses six grandes œuvres. Mais aujourd'hui plus que jamais vivant, toujours ardent mais encore à découvrir tant son œuvre publiée et celle encore inédite donne l'ampleur de ce personnage qui pensait qu'on pouvait écrire sur rien et qui a inventé l'écrivain-chercheur. Flaubert donc l'air de rien. Après avoir parcouru le monde, il s'enferme dans sa propriété de Croisset, n'en sortant plus que pour se documenter pour ses romans. Il découvre la jouissance d'écrire comme seule règle d'existence et prend à bras le corps ce qu'il nomme cette "chienne de prose". Pas de théorie du roman. Il l'exécrait. Pas d'amour du réel : il passait son temps à le réinventer, lui que certains manuels scolaires prennent encore pourtant pour le maître du réalisme. Et toujours loin des convenances. Le cycle d'émissions tentera de dégager Gustave Flaubert de toutes ces appellations et définitions où on l'a enfermé, de lui redonner sa violence, son souffle, sa manière de haïr les bourgeois et les conventions. Plusieurs approches tenteront de rendre compte de l'angoisse de Gustave Flaubert : angoisse devant cette tâche immense et sacrificielle qui l'avait empoigné comme un destin : devenir écrivain. Mais écrire quoi? Ecrire comment? Ecrire avec quoi? "Il faut tout connaître pour écrire", écrivait-il en 1854 à Louise Colet, ajoutant que lui, "comme tout écrivassier, vit dans une ignorance monstrueuse". "La moelle me manque", ajoutait-il. Mais qui était Gustave? On s'attachera à dénouer les mystères de sa filiation réelle et littéraire. Fils de qui? Le mystère demeure…. Celui qui s'amusait à jouer des troubles de son identité - il se nommait aussi Cruchard, Polycarpe, Quarafon, Troubadour, nous a aussi fait croire qu'il était Madame Bovary. France Culture mènera l'enquête : n'était-il pas aussi Monsieur Bovary, Pécuchet, Bouvard, mais aussi Monsieur Homais. Une seule chose est sûre : il est né dans un hôpital. Il y a vécu un quart de siècle et ce sentiment de moisi et de souffrance l'a poursuivi jusqu'à la fin de sa vie. Gustave le mal pensant, le nihiliste. N'affirmait-il pas que le genre humain n'était qu'une "vaste association de crétins et de canailles ". Ce qu'il pensait de l'avenir? : "Au XXème siècle nous allons rentrer dans une ère stupide, qui sera utilitaire, militaire, américaine et catholique". Celui qui voulut qu'on ne sût rien de lui a laissé tant de textes qu'on peut douter de sa sincérité… France Culture tentera de faire sortir celui qui se nommait lui-même un ours de ses milles tanières. De "Mauvais genres" en passant par "Les chemins de la connaissance", sans oublier la "Radio libre" confiée au flaubertien enragé, Pierre-Marc de Biasi, France Culture se transformera pendant quinze jours et grâce à seize émissions, nous l'espérons pour la grande joie de tous, en Radio Flaubert. Laure Adler