Lexique de l'actuel (format long)
Production : Pierre-Marc de Biasi
Réalisation : Brigitte Rihouay
Dominé par les rythmes courts de la communication, notre devenir planétaire s'asphyxie de plus en plus avec son propre présent, multiplie les points de vue, mais semble de moins en moins apte à vérifier ses sources. Dans un tel contexte les concepts à l'emporte-pièce naissent vite, mais vieillissent et meurent tout aussi précocement. D'autres, pas plus enviables, ont la vie dure. L'émission "lexique de l'actuel" se veut une enquête sur l'esprit et la lettre de notre temps : quels sont les mots qui agissent sur les croyances, les formules qui frappent, et à quel prix? Polysémie, stéréotypes, slogans, analogies, glissements de pensée, mauvaise foi, formules alibi, mots-rumeurs, mots fétiches, mots tabous : aucune expression n'est tout à fait inoffensive, et derrière une formule, une idée peut en cacher une autre. Dans la logique d'une langue prise au piège du marketing de la pensée, comment ne pas se payer de mots?
Clonage, consensus, émotionnel, flux, gouvernance, service public, traçabilité,… tous ces mots, que l'on utilise sans trop y réfléchir, que veulent-ils dire? À notre insu, ils fabriquent l'actuel, mais au passage certains font aussi des trous dans la tête. Ces mots qui parlent à notre place, examinons-les à la loupe : étymologie, genèse, usages actuels, arrières pensées et sous-entendus idéologiques, effets pratiques. Simple "principe de précaution" : par consentement tacite à telle formule, ou en prononçant telle expression, voici en réalité ce que nous nous engageons à penser, à dire et à faire croire. Chemin faisant, ce qui finira par s'esquisser, c'est l'inventaire de quelques-uns des clichés qui nous tiennent lieu de pensée : à la manière de Flaubert, une sorte de dictionnaire des idées reçues de notre temps.
AVANT-GARDE Avec Françoise Gaillard, sémiologue. Textes lus par Estelle Vincent.Après avoir exercé une tyrannie d'acier sur la modernité, le concept d'"avant-garde" est devenu presque honteux. Plus personne n'ose le revendiquer. Pourquoi? Et d'abord, d'où venaient le mot et son succès? Emprunté au vocabulaire militaire, le terme commence à s'appliquer, par métaphore, au combat politique, artistique et philosophique au XIXe siècle, mais c'est le XXe siècle qui a consacré la victoire totale des avant-gardes. Jusqu'aux années 1980 où, brusquement, tout change, avec la "post-modernité". Que signifie la fin des avant-gardes? Était-ce une légende? Faut-il récrire l'histoire de l'art et des idées?
ANTISEMITISME, ANTISEMITE Avec Éric Marty, auteur de Bref séjour à Jérusalem, Gallimard, 2003.Les actes "antisémites" se sont multipliés en France dans des proportions inquiétantes ces dernières années. Ils semblent liés au conflit israélo-palestinien, à la montée des fondamentalismes, mais aussi à la résurgence d'un vieux démon continental. De la judéophobie des débuts du christianisme au racisme pseudo-scientifique de la fin du XIXe siècle, "l'antisémitisme" est constant et se métamorphose. Il trouve son nom en Allemagne avant d'y culminer avec la Shoah. L'holocauste en avait fait un terme tabou. Qu'en est-il aujourd'hui, un demi-siècle après le procès de Nuremberg et la fondation de l'État d'Israël?
ART CONTEMPORAIN Avec Nathalie Heinich, sociologue. Textes lus par Estelle Vincent. France Culture, 20'09'', 8 août 2003.
Fumisterie, snobisme, art officiel ou transgression géniale, la notion d'art contemporain est chahutée régulièrement par de violentes polémiques. L'idée esthétique de "contemporain" se construit en marge de celle de "moderne" qu'elle supplante dans la seconde moitié du XXe siècle. Hors de l'art contemporain, point de salut pour la création : c'est le diktat institutionnel de notre temps. Mais contemporain veut-il dire "d'aujourd'hui"? Ne faut-il pas plutôt y voir un "genre" ayant ses caractéristiques et coexistant avec d'autres genres tout aussi vivaces?
AUDIMAT Avec Catherine Bertho Lavenir, historienne. Textes lus par Estelle Vincent. France culture, 22’18’’, 12 août 2003.L'audimat fait et défait le paysage audiovisuel. Comme "frigidaire", c'est un nom de marque déposé, en 1981. Contemporain du développement en France des télévisions privées, il s'est substitué à "audimétrie", mot savant du XIXe siècle. Quelles représentations imaginaires se cachent derrière ces deux petites syllabes "audi" et "mat"? L'idée de mesurer l'audience d'un média remonte à la radio américaine des années 1930. Où en sommes-nous aujourd'hui? Pourquoi, après vingt ans de succès, et tout en restant si actif, le mot "audimat" est-il pris en si mauvaise part?
BONNES ET MAUVAISES "IMAGES" Avec Serge Tisseron, psychanalyste. Textes lus par Estelle Vincent. France culture, 23'09'', 11 août 2003.Affiches, photos, cinéma, bande dessinée, manga, vidéos, télévision, web camera, etc, notre univers est saturé d'images. Nous en sommes devenus les consommateurs idolâtres mais, simultanément, nous pressentons qu'elles représentent un danger. Y aurait-il de bonnes et de mauvaises images? Des images qui apaisent et qui donnent envie d'être meilleur, et, inversement, des images maléfiques qui traumatisent et induisent le crime? Ou bien y a-t-il seulement des images, dont on peut faire bon ou mauvais usage?
CLONE, CLONAGE, CLONER France Culture, 21'59'', 2003. Avec Monique Sicard, chercheur au CNRS. Textes lus par Estelle Vincent.
Mythe millénaire, le clonage est devenu une réalité scientifique. De la science fiction aux fictions de la science, de la parthénogenèse naturelle au clonage humain, de la possibilité technique à son application, de l'eugénisme à la thérapie génique, du clonage thérapeutique aux recherches sur les cellules souches, comment ont évolué les représentations du clonage chez les scientifiques, les croyants, les politiques, et dans l'opinion? À l'heure où des sectes prétendent clôner l'humain, comment préserver les besoins de la recherche en respectant l'identité de la personne?
COLLECTION, COLLECTIONNEUR, COLLECTIONNER Textes lus par Estelle Vincent. France culture, 22’06’’, 1er août 2003Qu'est-ce qu'une collection d'oeuvres d'art? C'est Honoré de Balzac, dans Le Cousin Pons qui, pour la première fois, s'est livré à une analyse complète de cette pratique moderne, en introduisant en langue française les mots "collectionner", "collectionneur". De l'amateur au spécialiste, du marché aux puces aux grandes ventes internationales, comment se définit l'acte de collectionner? S'agit-il d'une technique, d'un art, d'une activité spéculative, d'une manie ? Que signifie l'appropriation individuelle du patrimoine?
COLONIALISME 1 (Première partie) Textes lus par Estelle Vincent. France culture, 23’08’’, 4 août 2003.Est-on en train d'entrer dans ce qui serait la fin du deuil colonial? Un "new colonialism" anglo-saxon revendique explicitement le modèle de la pacification romaine pour faire face aux nations terroristes. Les mots "colonisation" (1769) et "colonial" (1776) apparaissent avec la guerre d'émancipation américaine, sans mettre en doute la légitimité des Empires coloniaux ; mais en 1902, l'apparition des mots "colonialisme" et "colonialiste" est vite suivie de leurs antonymes (anticolonialiste et anticolonialisme, 1903).
COLONIALISME 2 (Deuxième partie) Textes lus par Estelle Vincent. France culture, 23’16’’, 5 août 2003.De l'apogée de l'homme blanc à l'apparition du mot "décolonisation" (1952), puis de l'acte de "décoloniser" (1963) à la reprise en main par le "néo-colonialisme" (1960), le débat a fortement été marqué, à l'Ouest, par la "déclaration de Monroe" et à l'Est par la doctrine de Lénine, deux systèmes qui ont oeuvré au démantèlement du système colonial européen, chacun en faveur de son propre projet hégémonique. La disparition d'un des deux pôles laisse la voie ouverte à une nouvelle tentation coloniale dont l'espace d'application devient planétaire.
CONSENSUS France culture, 28 juillet 2003. Avec Louise Merzeau, médiologue.
Dans une société démocratique régie par le principe majoritaire, être d'accord est un impératif. Mais l'idée de consensus contient-elle sa légitimité? Une dictature, une vague raciste ou xénophobe peut aussi naître du consensus. Le plébiscite est à la fois le comble du consensus et un risque majeur pour les libertés? Un consensus peut reposer sur une désinformation. L'histoire a prouvé que le courage politique consiste parfois à prendre le contre-pied d'un état dominant de l'opinion. Le consensus n'est-il pas toujours animé par la volonté de dépasser ou de dissimuler des antagonismes en se réconciliant aux dépens de minorités?
DÉSINFORMATION France culture, 20’52’’, 28 septembre 2002. Avec François Bernard Huyghe, spécialiste en info-stratégie. Textes lus par Estelle Vincent.
Née dans les milieux du contre-espionnage et transformée en véritable arme stratégique dans les officines de la guerre froide, la notion de "désinformation" connaît aujourd'hui une extension proportionnelle à l'emprise de nos technologies de la communication et de l'information. Le mot est mal formé et sujet à de nombreuses ambiguïtés. Mais au-delà des abus de langage, quels sont les processus et les réalités de la désinformation : entre propagande, intox, rumeurs, contre vérités, manipulations, où se situe son champ d'action spécifique? Sur quelles techniques repose-t-elle?
DETTE Avec Marcel Hénaff, philosophe. Textes lus par Estelle Vincent. France culture, 22’11’’.
Avoir une dette, c'est devoir quelque chose à quelqu'un. Mais qu'est-ce que devoir ? À l'ère du crédit et de la toute puissance financière, la question se pose en termes d'argent et de taux à l'échelle individuelle (les ménages), nationale (la dette extérieure) et planétaire (la dette des pays émergents). Mais la dette contient aussi une dimension symbolique et éthique. C'est ce que nous apprend la distinction entre dette de dépendance et dette de réplique. Le créditeur n'est pas sans dette à l'égard de son débiteur et l'état de droit institue la dette de tous envers tous.
Documentaire France culture, 22’56’’, 11 août 2009.
DON Avec Marcel Hénaff, philosophe, auteur de Le Prix de la vérité, Seuil 2002. Textes lus par Estelle Vincent. France Culture, 23'01'', 6 août 2006
Dans un monde dominé par le rapport marchand et l'idéal de libre concurrence, le don gratuit risque de devenir aussi rare qu'énigmatique. Qu'est-ce que "donner" sans contrepartie? Existe-t-il un don non monnayable? Qu'est-ce que la "reconnaissance", ce "merci" que l'on attend en échange d'un cadeau? Le don cérémoniel des cultures primitives nous l'explique. Marcel Mauss avait réfléchi sur l'obligation de recevoir et l'obligation de rendre. Mais pourquoi faut-il d'abord donner? Le don garde une place secrète et essentielle dans la relation sociale contemporaine, il est un geste fondateur de notre "vivre ensemble".
ÉMOTIONNEL Avec Daniel Bougnoux, médiologue. France Culture, 20'27'', 12 octobre 2002.
L'émotionnel est partout : à la télévision et sur les terrains de sport, en politique, en famille, et même à la Bourse. On est de plus en plus facilement "ému" et on trouve ça bien, vrai, authentique. Le mot "émotionnel" est une invention de Taine, en 1870. Date symbole : l'émotionnel naît avec la IIIe République, peu avant cette dernière "émotion populaire" que fut la Commune, avec l'apparition de la presse à très grand tirage et des périodiques à sensation. Le retour en force de "l'émotionnel" ne tient-il pas à nos nouvelles technologies de la communication? Mais est-on mieux informé quand on est d'avantage ému?
ÉPHÉMÈRE Textes lus par Estelle Vincent. France Culture, 22'04'', 13 août 2003.
Ça ne dure pas? Tant pis ou plutôt tant mieux! Crise de la perpétuité, accélération, amnésie, culte de la précarité...? Le mot "éphémère" en dit long sur notre relation au temps. Originairement, le mot renvoie à l'idée de fièvre passagère. La Renaissance l'inscrit dans l'imaginaire érotique et l'âge baroque en fait un principe ontologique. Mais l'éphémère, c'est aussi un insecte qui naît le matin et meurt le soir, métaphore du destin humain. Pour faire face, il y a "l'éphéméride": le journal intime et l'Histoire. À l'âge industriel, l'éphémère consumériste triomphe: du jetable à sa réciproque, le recyclable. Ni passé, ni lendemain: avec l'âge communicationnel, plus de transmission.
FAIRE SON "DEUIL" Avec Serge Tisseron, psychanalyste. Textes lus par Estelle Vincent.L'expression "faire son deuil" est d'un usage courant pour dire l'acceptation de la perte ou l'expérience de la désillusion ; mais derrière cet usage par extension, la formule nous parle bien de la mort. Freud en a fait la théorie à travers la notion de "travail du deuil". Que nous apprend-elle? Que la souffrance dans le deuil est tissée de culpabilité, comparable à la mélancolie. La psychanalyse contemporaine a repensé la question en donnant sa place aux réalités quotidiennes, dans une approche plus pragmatique de notre relation à la perte de l'être cher. Comment acclimater la mort?
FLUX France Culture, 29 juillet 2003. Avec Louise Merzeau, médiologue.
On surfe sur le web, on navigue sur internet, on se laisse porter par la vague des nouvelles technologies, des flux financiers, on consomme à flux tendus. De l'idéal fluide des plages du Pacifique où les vedettes de la "glisse" côtoient les athlètes de Silicone Valley, jusqu'aux images biologiques de la planète, irriguée par le sang de l'information, tout un monde d'analogies nous renvoie à une représentation maternelle et amniotique. La réalité est tout autre : normes, standards commerciaux, protocoles de surveillance, sédimentations de stocks, se dissimulent sous la surface apparemment balnéaire de la mondialisation numérique.
GOUVERNANCE Textes lus par Estelle Vincent. France culture, 22’46’’, 29 août 2003.Gouverner, ça fait "vieux", autoritaire, jacobin. L'idéal, ce serait une bonne "gouvernance". D'origine française, le mot a passé cinq cents ans en territoire anglo-saxon et nous revient tout transformé. D'abord utilisé pour les pays du Tiers Monde, le mot triomphe aujourd'hui dans le débat politique des pays occidentaux. Que veut-il dire ? Apparemment, un état plus caressant de la démocratie. C'est en ce sens que l'emploient les partisans de "l'altermondialisation". À y regarder de près, le mot gouvernance semble bien contenir le projet ultra-libéral d'une mutation essentielle du " pouvoir " qui cherche à s'affranchir du principe politique lui-même.
HÉROS , SUPERHÉROS, ANTIHÉROS Avec Serge Tisseron, psychanalyste. Textes lus par Estelle Vincent. France culture, 22’44’’.
Les héros ne sont plus ce qu'ils étaient. À l'heure du tout communicationnel, des "loft" et des "nice people", chacun d'entre nous pourra devenir un héros universel pour cinq minutes au moins dans sa vie. Des héros grecs de la mythologie au héros hégélien, l'idée d'héroïsme avait lié son destin à l'exemplarité et à l'Histoire. Le héros a laissé place à deux figures contradictoires : "l'antihéros" et le "superhéros". Pourquoi? S'identifier à un héros: est-ce une chance de devenir soi ou la menace certaine de s'aliéner? Le kamikaze, à sa manière, cherche aussi à être un héros.
Pornographie, érotisme Textes lus par Estelle Vincent. France culture, 22’23’, 22 août 2003.On ne compte plus les campagnes contre le déferlement de la pornographie. Mais des oeuvres comme Madame Bovary,Le Déjeuner sur l'herbe ont été considérés en leur temps comme d'immondes objets pornographiques. Est-ce le "réalisme" qui choque? Dans son sens actuel, le mot "pornographie" est contemporain de "photographie", et le diminutif "porno" naît la même année que le diminutif "cinéma": qu'en penser? Du pornographique à l'érotique, comment se sont construites et sans cesse redéfinies nos relations à la transgression et au consensus en matière de représentation sexuelle?
SERVICE PUBLIC 1 (Première partie) Avec Catherine Bertho Lavenir, historienne. Textes lus par Jeanne Rosa.. France culture, 20’15’’, 27 août 2003.Le terme de "service public" est une exception française intraduisible dans une autre langue. À la moindre menace , on défile dans la rue pour le défendre. De quelle sorte de "bien" collectif s'agit-il? De la Révolution à la fin du XIXe siècle, son histoire est mouvementée. En 1848, la Poste d'État sert à désenclaver les provinces. Avec le Second Empire, les théories ultra-libérales de Bastiat en condamnent le principe. C'est avec la IIIeme République et la démocratie d'Opinion que le "service d'intérêt général" acquiert le statut juridique de service public.
SERVICE PUBLIC 2(Deuxième partie) Avec Catherine Bertho Lavenir, historienne. Textes lus par Jeanne Rosa.. France culture, 22’36’’, 28 août 2003.Depuis son acte de baptême laïque en 1873, le "service public" connaît un siècle de montée en puissance ininterrompue. De 1880 à 1980, son dispositif finit par coïncider avec la puissance d'un appareil d'État, renforcé par la période gaulliste : le "secteur public", présent et opérationnel à peu près dans tous les domaines qui constituent les fondements sociaux, culturels et économiques de la nation. De la "modernisation des services publics" à leur démantèlement planifié, c'est peut-être le sort même de la République qui est en jeu.
SOCIAL, SOCIÉTAL Avec Nathalie Heinich, sociologue. Textes lus par Estelle Vincent.
On ne dit plus "social", qui fait vieux jeu, syndical et renfrogné, mais "sociétal", qui est plus convivial et plus "in". Il sert aussi à désigner une nouvelle démocratie soucieuse de développement durable. En fait, le concept vient du monde anglo-saxon de l'entreprise, et semble jouer à l'égard de "social", le même rôle que le mot "gouvernance" joue vis-à-vis de "gouvernement" : un écran de fumée et un outil de suggestion visant à remplacer les mécanismes de la décision politique par l'autorité du milieu financier et industriel, et à se débarrasser de l'exception européenne en matière sociale.
TRACE, TRACEUR, TRAÇABILITE Avec Monique Sicard, chercheur au CNRS. Textes lus par Estelle Vincent.
Nous nous entourons d'objets traceurs (carte à puces, téléphones cellulaires, ordinateurs portables, cookies) qui permettent à chaque instant de nous suivre à la trace. De son côté, le néologisme "traçabilité" prend une extension grandissante : d'abord dans le vocabulaire sanitaire et technico-commercial pour exorciser les grandes peurs de notre temps (vache folle, ogm, etc), puis par analogie pour chanter les louanges de la transparence, du côté de la morale et de la politique. Mais qui trace qui, pourquoi, comment? Traceurs, traçant, traçabilité : où en est-on en matière de traces?
VIRUS (INFORMATIQUE) Avec Karine Douplitzky, auteur du Guide de l'internet (Odile Jacob, 2002). Textes lus par Estelle Vincent.60 000 virus enregistrés depuis 1985, 6 nouveaux types de virus créés et disséminés chaque jour. Ils infectent votre ordinateur en s'attaquant à ses centres vitaux. Certaines épidémies venues d'un point éloigné de la planète provoquent des hécatombes en quelques heures. On a honte d'avoir été contaminé comme s'il s'agissait d'une véritable maladie. Qu'est-ce qui se cache dans cette métaphore biologique du virus informatique? D'où vient ce terme? Jusqu'où l'image est-elle justifiée? Comment fonctionne un virus, comment se propage-t-il, à quoi sert-il?