La mondialisation des échanges entre grandes institutions patrimoniales a récemment permis d’avancer dans la voie d’une homogénéisation des vocabulaires professionnels utilisés pour les catalogues et les inventaires raisonnés. En revanche, tout ou presque reste à faire pour l’immense domaine des documents et des traces écrites ou dessinées qui témoignent de leur genèse. Dans ce champ, les notions demeurent floues, les fonds restent à inventorier et les vocabulaires varient d’une institution à l’autre, d’une langue à l’autre, jusqu’à l’ininterprétable. Pour la création picturale, par exemple, qu’est-ce exactement qu’un dessin préparatoire, un croquis, une esquisse, une ébauche, une étude, un tracé large, une mise aux carreaux, un essai de couleurs, un canevas, un calque correctif ? Comment définir précisément chacun de ces documents préparatoires de l’œuvre en tenant compte à la fois de la technique, de la période historique, du vocabulaire académique contemporain et des usages professionnels, du genre, du médium, de la démarche et de l’objectif de l’artiste, des phases de son travail, de ses méthodes, etc ? Comment classer ces documents selon l’ordre chronologique de leur apparition, sur quel axe logique et génétique les situer comme étapes d’une séquence aboutissant (ou non) à l’œuvre ? Les enjeux sont aussi bien scientifiques, juridiques que commerciaux. Ces « œuvres » préparatoires à l’œuvre peuvent se trouver localisées à plusieurs endroits, dans des bibliothèques ou des musées dont les méthodes de description et de classification peuvent être différentes, ou même divergentes. A l’intérieur d’une langue pivot comme le français ou l’anglais, cette instabilité provoque des difficultés méthodologiques et de nombreuses interrogations pour les chercheurs comme pour les conservateurs ou les acteurs du marché de l’art, lorsqu’il s’agit d’établir un catalogue raisonné ou un descriptif scientifique pour une exposition patrimoniale ou une vente internationale. Le problème devient presque insurmontable, en raison des traditions nationales et des « intraduisibles », lorsqu’il s’agit de traduire ce catalogue ou ce descriptif dans une autre langue. Il manque un outil adapté d’intercompréhension culturelle et scientifique pour établir, diffuser et valoriser une terminologie commune dans ce domaine des archives préparatoires.
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